Spotnana, vous allez en entendre parler

Le nouveau trublion du voyage d’affaires, lancé en 2020, commence à se faire un nom auprès des grands comptes. 

Le bonhomme est doté d’un sacré caractère. Sarosh Waghmar, fondateur de Spotnana, quitte l’Inde en 1994 pour les Etats-Unis grâce à une bourse d’études en informatique à l’université du Texas comme il le racontait dans un entretien à Business Travel News en 2018. 

Il créé sa première entreprise mais l’explosion de la bulle internet en 2001 provoque sa faillite et au même moment son appartement est ravagé par un incendie. Obligé de dormir dans sa voiture, presque sans le sou, il hésite à revenir en Inde. 

Se rappelant qu’il était devenu un grand voyageur lors de son premier job chez Deloitte, jonglant mieux que personne avec les miles, il a l’idée de proposer ses services pour aider les salariés à optimiser leurs programmes de fidélisation. Il remonte la pente et met le doigt dans l’industrie du voyage d’affaires, qu’il ne quittera plus. 

Puis il créé un logiciel de réservations qui devient une TMC à part entière, du nom de WTMC. En 2016, cette dernière met au point le « premier tuyau NDC au monde » avec American Airlines. « C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que l’avenir du voyage d’affaires se trouvait dans la plomberie », explique-t-il dans Phocuswire

Son constat : trop ancienne, la plomberie qui alimente l’industrie entrave l’efficacité du système, au détriment du client. « Tout, de la couche GDS au mid-office, est très fragmenté avec de multiples parties prenantes ayant des motivations et des incitations trop diverses et parfois opposées ». 

Ni une ni deux, il bazarde tout, recommence à zéro, et lance en 2020 Spotnana en réussissant à lever 34 millions de dollars. Il s’entoure des meilleurs dont Johnny Thorsen, l’un des spécialistes mondiaux les plus reconnus de la techno dans le voyage d’affaires, et Bill Brindle, ancien patron des opérations chez Amex GBT. Et surtout, Steve Singh, co-fondateur de Concur, véritable icône de l’industrie, devient président du conseil d’administration. Bref, que du très lourd.

L’idée ? Construire une plateforme de gestion des voyages qui agit à la fois comme TMC ou comme une marque blanche en mettant sa technologie à disposition d’autres TMC ou d’autres acteurs. C’est sa première originalité : être une plateforme ouverte à tout le monde. « Les voyages d’affaires ont été bâtis sur des modèles d’entreprises très fermés, chacun construisant des choses pour lui-même et essayant ensuite de les intégrer à des tiers ». 

Le modèle économique ? Simple, un fee à l’utilisation, pas de frais initiaux ni de minimum, « je paye ce que je consomme ». 

Deuxième atout : la plateforme, globale et entièrement intégrée, est connectée directement avec les compagnies aériennes et tous les autres fournisseurs utiles pour le voyage lui-même et la gestion du voyage. L’ensemble n’est pas édifié sur une pile technologique existante et facilite l’expérience utilisateur. 

Troisième particularité : basée sur le cloud, la plateforme peut ainsi être déployée facilement et rapidement, en quelques semaines, à des dizaines de milliers de salariés répartis dans des dizaines de sites dans le monde. « Il s’agit là d’un changement massif de la structure des coûts pour le client », affirmait Steve Singh, dans un article de Skift.

C’est là aussi où Spotnana se démarque des autres nouveaux acteurs tels Navan (ex-TripActions) ou Travel Perk, elle s’adresse peut-être d’abord à des grands comptes dont la présence est mondiale plutôt qu’aux PME. Et début novembre, comme le rapporte The Company Dime, elle a annoncé avoir attiré une énorme prise dans ses filets, le géant de la distribution Walmart, première entreprise du monde en termes de chiffre d’affaires, plus de 600 milliards de dollars, qui vient s’ajouter à d’autres clients prestigieux, tels Amazon. Excusez du peu. 

Spotnana et Walmart ont ainsi lancé un projet pilote, d’abord déployé aux Etats-Unis, afin de pouvoir utiliser la norme NDC des compagnies aériennes. Theresa Gehler, directrice monde des achats voyages de Walmart, affirme que « la valeur ajoutée » est déjà évidente. Elle est particulièrement enthousiaste sur le potentiel des offres forfaitisées qu’autorise NDC et sur les capacités de libre-service de la plateforme qui permettent aux voyageurs d’effectuer eux-mêmes des changements et des modifications de billets au sein des canaux approuvés par l’entreprise.

Cette initiative intervient quelques mois après l’annonce d’un partenariat stratégique entre Spotnana (200 salariés désormais) et CWT, accord dont on ne sait pas encore grand-chose, sinon qu’il associe la technologie du premier avec les services globaux de la deuxième. Une chose est sûre : certaines entreprises souhaitent utiliser Spotnana tout en conservant leur TMC. C’est peut-être à cette aune qu’il faut interpréter ce partenariat. 

L’Europe intéresse-t-elle Spotnana ? Assurément et CWT pourrait à l’avenir lui servir de cheval de Troie. En attendant, elle vient d’intégrer Trainline qui lui permet d’élargir considérablement son contenu ferroviaire européen. Et on a appris récemment, via le site The Beat que Lufthansa, la compagnie pionnière sur NDC, avait pris une participation dans l’entreprise lors d’une deuxième levée de fonds de 75 millions de dollars en juillet 2022. Sans doute pas un hasard…

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Le transaction fee fait de la résistance

Le modèle de rémunération des TMC fondé sur le transaction fee, que l’après-Covid devait mettre au placard, reste la norme, et de loin. La seule faute aux clients ?

Il devait disparaître corps et biens. Après avoir étalé toutes ses limites pendant la pandémie et fait plonger dangereusement les TMC, le transaction fee aurait pu (dû ?) laisser la place à un autre modèle de rémunération plus solide pour les agences de voyages et plus juste dans le partage des risques. Il n’en a rien été. Dans des propos rapportés par Business Travel News, John Snyder, le Pdg de BCD Travel, ne cache pas déception et parle de « sa plus grande frustration depuis le début du Covid ». 

Il esquisse même le début d’une autocritique en ajoutant : « J’ai d’énormes regrets que nous n’ayons pas poussé plus fort, nous avons pourtant poussé assez fort mais les clients nous ont refoulé ». L’échec est patent, il reconnait l’incapacité des TMC à convaincre les entreprises d’adopter un autre modèle tel que l’abonnement. « Tout le monde s’y convertit dans sa vie personnelle, Netflix, Amazon…, la tarification par abonnement contrôle le monde mais nous n’arrivons pas à sortir de cette mentalité de la transaction ». 

Interrogé par le journaliste Michael B. Baker, le vice-président en charge des finances de CWT, Brady Jensen, est plus nuancé : « Lors de certains appels d’offres, nous avons parfois constaté un changement, avec des entreprises qui se renseignent sur les modèles autres que le transaction fee ». 

Selon John Snyder, il incombe en partie aux consultants de convaincre les entreprises de la nécessité de changer. Brady Jensen a en effet noté que les appels d’offres qui étaient ouverts à différents modèles de rémunération avaient tendance à être accompagnés sinon dirigés par des consultants. Problème : ces derniers rejettent la faute sur les TMC ! Caroline Strachan, directrice associée de Festive Road, a ainsi déclaré « qu’elle avait demandé aux TMC des prix créatifs lors de chaque appel d’offres lancé depuis le début de la pandémie. La plupart du temps, l’entreprise n’a pas obtenu de réponse à sa demande ».

Les TMC ne seraient donc pas prêtes à changer de modèle ? C’est la thèse défendue par une autre consultante, Bex Deadman : « Elles ont construit tout un système complexe sur la base des modèles commerciaux actuels et certains de leurs fournisseurs sont encore rémunérés à la transaction ». 

Comme l’écrit l’auteur de l’article, « si les modèles non fondés sur la transaction sont logiques sur le papier pour les TMC, leur mise en œuvre effective est un processus plus compliqué ». En clair, pour convaincre leurs clients, les TMC vont devoir changer d’état d’esprit, former en interne et faire preuve d’innovation. Face à des clients confortablement installés dans un système à la transaction et réticents à l’idée d’un plus juste partage des risques, la tâche s’annonce décidément ardue. 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

CWT déploie la réservation de train ainsi que la location de voiture sur sa plateforme myCWT et fait le point sur la NDC

Nouvelles fonctionnalités clés : Réservation de train et de location de voiture sur la plateforme myCWT

Comme annoncé au mois de février, CWT commence à déployer les fonctionnalités concernant la réservation de location de voiture et de train via ses canaux mobiles et Web sur sa plateforme myCWT.

Ces nouvelles fonctionnalités seront étendues aux marchés du monde entier, offrant aux voyageurs plus d’options pour effectuer et gérer leurs réservations de manière identique depuis tous les canaux.

Ces améliorations sont l’un des résultats de l’investissement stratégique dans sa plateforme de gestion de voyages myCWT.

Les voyageurs pourront réserver leur voiture de location via l’application mobile myCWT (sur iOS et Android) et le portail web. Les utilisateurs de MyCWT auront accès aux tarifs négociés et aux fournisseurs privilégiés de leur entreprise. Ils pourront facilement rechercher des lieux de prise en charge et de dépose. Les programmes de fidélité des loueurs de voiture seront également intégrés.

En ce qui concerne le contenu ferroviaire, le partenariat de CWT avec la plate-forme européenne Trainline Partner Solutions, va permettre d’intégrer les fonctions de réservation à MyCWT via une API. Cette avancée rendra possible la réservation, l’accès aux tarifs et aux réductions négociés par les entreprises, ainsi que des fonctionnalités de préférence de siège. Ce contenu ferroviaire, disponible au Royaume-Uni depuis le mois de juillet sera étendu aux autres marchés européens dans les mois à venir ; il sera suivi de la mise à disposition des fonctionnalités liées à l’après-vente.

CWT a également introduit des éléments de durabilité dans ces offres. Pour les réservations de voitures, MyCWT disposera d’indicateurs qui mettront en évidence les options de location de véhicules électriques et hybrides, et CWT ajoutera des estimations d’émissions de carbone pour les réservations de voitures et de trains.

Avancées CWT sur la NDC

La NDC (New Distribution Capabilities), nouvelle norme d’échange de données entre les compagnies aériennes et les partenaires de distribution est basée sur une technologie moderne (XML). Elle donne aux compagnies aériennes la possibilité de fournir un contenu plus riche, plus personnalisé et plus dynamique.

CWT a franchi une nouvelle étape pour faire de l’adoption de la NDC une réalité avec un programme qui permet, via ses partenaires technologiques, d’effectuer des réservations NDC pour des clients pilotes. CWT commence par la réservation du contenu NDC disponible au sein de la plateforme Amadeus sur Air France et Singapore Airlines

Quels sont les avantages ?

Au-delà des tarifs négociés par les entreprises, il est maintenant possible de réserver un contenu uniquement lié au programme NDC des compagnies. Pour Singapore Airlines, une gamme de tarifs plus large est maintenant disponible, tandis que des options supplémentaires comme le choix des sièges et des bagages supplémentaires seront ajoutées au programme. Pour Air France-KLM, les clients CWT peuvent accéder aux offres tarifaires continues de ces compagnies. Des offres de « siège préféré » et des options « carburant d’aviation durable » seront introduites dans un avenir proche.
CWT propose à ses clients de continuer à travailler en étroite collaboration avec les compagnies aériennes pour évaluer leur offre actuelle sur la NDC et la comptabilité de ce nouveau contenu avec leur politique voyage.

Conseils sur la NDC aux gestionnaires de voyages :

  • Restez informés car chaque compagnie aérienne évolue à son propre rythme.

  • Accordez une attention particulière aux plans NDC de vos principaux partenaires aériens en incluant les attentes de vos voyageurs et vos destinations fréquentes

  • Recherchez les compagnies aériennes qui sont précurseurs sur le sujet, surtout lorsqu’elles fournissent un contenu à valeur ajoutée pour vos voyageurs

Restez informés des évolutions et des avancées de CWT concernant la NDC sur notre site internet

Les limites de l’automatisation

Automatiser l’ensemble du process de réservation, jusqu’à l’annulation et l’échange de billets : facile à dire, beaucoup plus difficile à faire. 

C’est l’un des sujets phares du moment. Avec le Covid et le chaos dans le transport aérien, les échanges et annulations de billets d’avion par les voyageurs d’affaires se sont multipliés. Avant la pandémie, cela concernait 1 billet sur 5, aujourd’hui cela toucherait entre le tiers et la moitié des transactions, rapporte dans un excellent article le site The Company Dime

Encore peu ou pas automatisés, l’échange et l’annulation de billets nécessitent la plupart du temps une intervention humaine. Or la pénurie de personnel qui affecte les TMC crée des situations intenables et dégrade sérieusement la qualité du service. Que faire ? La solution passe par l’automatisation mais ce n’est pas si simple. « Il y a aujourd’hui très peu d’outils numériques qui sont efficaces pour permettre des changements de voyages et d’itinéraires » déclarait récemment Nick Vournakis, vice-président exécutif de CWT, au site Skift. La TMC vient toutefois d’annoncer que le voyageur peut désormais, sur sa nouvelle application myCWT et sur les canaux web, modifier ou annuler un trajet en étant informé des modalités comme le surcoût. Si l’information se vérifie (il convient d’abord de tester l’outil), CWT aurait pris un petit temps d’avance sur ses principaux concurrents. 

Comme l’explique en effet David Reimer, vice-président d’Amex GBT pour les clients internationaux et directeur général pour les Amériques, « chaque compagnie aérienne gère son inventaire avec des processus légèrement différents et si vous souhaiter l’automatiser, vous devez probablement le faire un par un, par transporteur. On va y arriver bientôt mais jamais totalement, sans doute à 70-80%, car une partie devra toujours se régler offline, au téléphone ». 

Jean-Christophe Taunay-Bucalo, le directeur commercial de la TMC TravelPerk, confirme : « Nous avons automatisé la plupart des annulations avec l’ensemble des fournisseurs, compagnies aériennes, ferroviaires et même hôtelières. En revanche, les processus de modification et d’échange sont beaucoup plus compliqués en raison des différents types d’inventaire et des connexions nécessaires, mais nous devrions être à plus de 50% d’automatisation d’ici la fin de l’année ». 

John Sturino, vice-président des produits de la division Egencia d’Amex GBT, pointe également les règles commerciales des compagnies aériennes qui changent tout le temps. 

Pour David Reimer, l’explication est aussi plus globale, « avec un nombre de variables dans les voyages et une infrastructure technologique énorme qui posent de vrais défis ». Avant d’ajouter : « L’intelligence artificielle peut faire beaucoup pour nous aider ». Et de conclure : « En tant qu’industrie, nous devons faire mieux, c’est certain ». 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

CWT : que vaut son nouvel abonnement ?

La TMC vient de lancer un nouveau modèle de tarification par abonnement après l’avoir expérimenté pendant un an avec des clients pilotes. 

On peut prendre le problème par tous les bouts, la conclusion sera toujours la même : avec un modèle de tarification basé sur les frais de transaction, le risque pèse trop lourdement sur la TMC. Comme l’a illustré le Covid, en cas de perturbation exceptionnelle, les revenus disparaissent et les TMC sont contraintes de licencier rapidement et massivement pour éviter des pertes financières catastrophiques.

Pour mieux répartir le risque, CWT a donc imaginé un abonnement, soit un tarif mensuel qui couvre tous les produits et services fournis par la TMC, en fonction du volume de transaction prévu, comme le rapporte Business Travel News. Ce tarif mensuel peut être révisé à la hausse ou à la baisse si l’entreprise a besoin d’ajouter ou de soustraire des services, ou d’ajuster les prévisions de volume. 

Cité par The Company Dime, Brady Jensen, vice-président finances et responsable de la tarification mondiale de CWT, met en avant la simplification du système : « Ce nouveau modèle de facturation n’émet qu’une seule facture mensuelle simple et complète, au lieu de plusieurs, ce qui facilite considérablement le suivi et la gestion des dépenses ». Autre avantage selon Brady Jensen : « Les clients pourraient faire des économies grâce à des remises sur le volume que l’on ne trouve pas habituellement dans le modèle courant des frais de transaction ». 

Interrogés par The Company Dime, les consultants Will Tate et Andrew Menkes confirment qu’une telle simplification pourrait bien séduire les petites et moyennes entreprises. « Le modèle semble être idéal pour toutes les organisations qui ont des ressources internes limitées pour gérer les voyages et qui sont relativement satisfaites des niveaux de service qu’elles obtiennent ». 

Ils sont en revanche plus réservés pour les grands comptes : « Ce que les clients peuvent gagner en simplification grâce à une approche groupée, ils le perdent en transparence ». Avec d’abord une première interrogation : dès lors qu’il n’y a plus de facturation automatique au centre de coûts du voyageur, comment l’entreprise peut-elle répartir le coût entre les services ? 

Mais surtout, ce sont les revenus fournisseurs qui sont dans leur viseur. Car les TMC tirent de leurs fournisseurs une partie importante de leurs revenus : CWT avait estimé en 2021 que ces derniers représenteraient 40% de ses revenus en 2022. « Si la nouvelle tarification tient compte du coût du service pour le client et des revenus générés par les fournisseurs, alors le modèle d’abonnement pourrait fonctionner à condition bien sûr qu’il y ait transparence ». Mais est-ce le cas ?

C’est un point sensible car dans le système traditionnel à la transaction, certains clients négocient avec la TMC le retour d’une partie ou de la totalité des commissions reçues par cette dernière. C’est le cas notamment quand l’entreprise négocie directement ses contrats avec les fournisseurs aériens notamment.

Brady Jensen a reconnu dans Business Travel News que la nouvelle tarification « ne convient pas parfaitement à tous les clients ». Mais il faut aussi prendre garde à la distinction américaine entre grands comptes et PME qui n’est pas tout à fait la même qu’en Europe et en France. Parmi les entreprises pilotes, on trouve en effet ServiceNow, une société mondiale de logiciels comprenant 19200 salariés (tout de même !), qui par l’intermédiaire de sa directrice voyages s’est dit satisfaite de cette tarification à l’abonnement. 

Il convient aussi de préciser que ce nouveau système n’a aucun caractère obligatoire. CWT le propose et c’est l’entreprise qui décide. Le chemin s’annonce donc encore long pour un changement de modèle économique d’autant que les entreprises n’y semblent pas encore particulièrement disposées. Selon une étude menée par The Beat, une publication du groupe BTN, plus de 80% des acheteurs rémunèrent leur TMC à la transaction. On part de loin. 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Aidez vos voyageurs à faire des choix de voyages plus durables

Votre entreprise a-t-elle les bons outils pour calculer, réduire ou compenser son empreinte carbone ?

Les TMC sont des partenaires essentiels pour aider vos voyageurs à faire des choix responsables et ainsi contribuer à atteindre vos objectifs d’entreprise en matière de RSE.

La démarche globale et l’engagement écoresponsable de longue date de CWT s’articule autour de trois grands piliers :

1er pilier, l’ADN responsable de CWT :

CWT, reconnue pour ses performances en matière de responsabilité sociale, a reçu le statut Platinium en 2021 pour la deuxième année consécutive, se classant ainsi parmi les 1% des entreprises les plus responsables évaluées par EcoVadis dans le monde. Signataire de l’UNGC (United Nations Global Compact) depuis 2012, CWT s’engage à soutenir les dix principes du Pacte mondial des Nations Unies concernant les droits de l’Homme, le travail, l’environnement et la lutte contre la corruption. Pour la 4ème année consécutive, notre rapport annuel RSE a reçu le niveau « Advanced » délivré par les Nations Unies.

2ème pilier : Réduire, Calculer, Compenser

CWT a annoncé le 28 mars 2022 un nouveau partenariat avec Thrust Carbon, expert reconnu dans le calcul des émissions Co2 et dans la démarche de compensation. Nous avons récemment communiqué sur l’intégration de nouveaux indicateurs d’émission carbone sur notre plateforme myCWT au global. Ces indicateurs fournissent des données sur l’empreinte carbone au moment de la réservation d’un trajet ou d’un séjour dans un hôtel, permettant ainsi aux voyageurs de faire des choix plus responsables et sans frais supplémentaires.

CWT contribue à l’éducation de vos voyageurs et se positionne comme acteur à part entière du changement.

Ces données vont être intégrées de manière progressive d’ici la fin de l’année dans notre plateforme de reporting. Ces informations vont vous permettre d’évaluer finement vos consommations et d’agir en conséquence lors de vos négociations.

CWT signe à titre personnel des accords de compensation comme dernièrement avec la compagnie aérienne Etihad en janvier 2022.  CWT a l’ambition en 2023 d’identifier et de proposer à ses clients des partenaires pour la compensation des émissions Co2.

3ème pilier : Un conseil responsable, modulable et personnalisé

CWT innove également au travers de son approche pour accompagner de manière modulable les organisations dans leur démarche responsable. Notre offre de conseil ECO (Employee Wellbeing, Climate Impact and Organizational Performance) couvre le bien être des employés, le climat en mettant en œuvre des actions ciblés pour minimiser l’impact Co2, mais également vous permettre de trouver de nouvelles opportunités de performance et d’optimisation de vos coûts.

CWT : la recapitalisation validée

Comme attendu et tel que nous l’avions expliqué dans un précédent article, la justice américaine a approuvé vendredi le plan de recapitalisation présenté par CWT.

Moins de 24 heures sous Chapter 11 : on ne doit pas être loin d’un record ! Après y être entrée officiellement le 11 novembre (et non le 7 novembre comme il était prévu), CWT en est ressortie le 12 à 14h30 heure locale à l’issue d’une audience de quelques heures. 

Le juge du tribunal des faillites du district sud du Texas, l’expérimenté Marvin Isgur, a ainsi justifié sa célérité dans des propos rapportés par The Company Dime : « C’était nécessaire d’aller vite étant donné la dimension internationale de l’entreprise et de l’industrie dans laquelle évolue CWT. La probabilité d’un préjudice important pour l’entreprise était élevée si nous n’agissions pas rapidement. »

Joint au téléphone, Stéphane Birochau, vice-président, head of customer management EMEA de CWT, ne cache pas sa satisfaction : « On n’avait pas trop de doutes sur le verdict car on arrivait avec un dossier solide, plus de 90% des créanciers étaient en phase avec l’accord. » 

Aux termes de cette restructuration financière, CWT efface la moitié de sa dette de 1,5 milliard de US$ grâce à l’émission de nouvelles actions et se voit dotée de 350 millions de US$ de capitaux propres supplémentaires. Un énorme ballon d’oxygène pour la TMC qui avait connu, selon les documents déposés auprès du tribunal, une chute brutale de ses revenus, à cause du Covid, de 57% entre février et mars 2020 et de 66% sur l’année complète par rapport à 2019.

Rassurée, la TMC a, dès la fin de l’audience, annoncé un investissement technologique de 100 millions de US$ dans sa plateforme de gestion des voyages myCWT. Une communication sans doute aussi destinée à montrer au marché qu’elle regardait désormais de l’avant. 

La suite de la procédure ? Elle devrait s’achever administrativement vendredi prochain 19 novembre selon l’avocate Alexandra Schwarzman, associée au cabinet Kirkland & Ellis qui a accompagné CWT dans cet accord. Ce n’est qu’à cette date qu’on connaîtra la nouvelle composition de l’actionnariat de la TMC. Une chose est sûre : la famille Carlson deviendra minoritaire, mais il n’y aura vraisemblablement pas d’actionnaire majoritaire, plutôt un pool mené par Barings et MacKay Shields, deux sociétés de gestion de portefeuilles.

Reste maintenant à espérer que la reprise, comme pour l’ensemble des TMC, soit au rendez-vous. Les documents déposés au tribunal du Texas, consultés par The Company Dime, montrent une certaine prudence des prévisions d’activité de CWT. Après avoir réalisé un volume d’affaires de 23,1 milliards de US$ en 2019, elle s’attend à 9,3 milliards en 2022, 13,3 milliards en 2023 et 16 milliards en 2024 (soit 70% du volume de 2019). Elle prévoit par ailleurs un EBITDA (bénéfice d’exploitation) qui redevient positif en 2023, à 122 millions, puis 253 millions en 2024. 

Les informations communiquées par CWT au tribunal décrivent aussi les facteurs de risque de son activité, qui peuvent s’appliquer à l’ensemble des TMC. Sont principalement cités « le marché très concurrentiel des agences de voyages d’affaires » ainsi que les « risques liés aux revenus des fournisseurs et des GDS. » Le document fait ainsi une allusion explicite à NDC : « Les agences doivent faire face aux efforts constants des fournisseurs pour réduire les commissions d’une part, ou pour compliquer la distribution basée sur les GDS d’autre part, par le biais de surcharges, de retrait de contenu et d’incitations des voyageurs à réserver en direct. » 

Quoiqu’il en soit, en France, l’optimisme est de mise. Stéphane Birochau révèle ainsi que « le marché français est, avec son homologue danois, celui où la reprise est la plus dynamique, avec des niveaux équivalents à 60 à 65% de ceux de 2019 ». Pas suffisant pour remettre tous les salariés de la TMC à temps plein (60% d’entre eux seraient encore à temps partiel), mais c’est un bon début !

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

CWT : derrière le Chapter 11

La procédure engagée par la TMC mérite quelques éclaircissements pour bien en saisir les enjeux.

On ne le répètera jamais assez : le Covid a été un choc sans commune mesure pour l’ensemble des TMC. Pour CWT, le coup a été d’autant plus rude que l’année 2019 avait été celle de tous les records selon des informations rapportées par le site The Company Dime qui a consulté les documents déposés dans le cadre de la procédure judiciaire. La TMC avait alors réalisé un volume d’affaires de 23,1 milliards de US$ pour un chiffre d’affaires de 1,5 milliard de US$ et généré un EBITDA (bénéfice d’exploitation) de 239 millions de US$.

Sauf que CWT est lestée d’une lourde dette de 1,5 milliard de US$, intenable en ces temps de vaches maigres, les revenus moindres ne permettant pas d’en rembourser les échéances. La TMC n’avait au final d’autre choix que de se mettre sous la protection de la loi américaine sur les faillites, le fameux Chapter 11, dont l’esprit et la lettre sont bien différents des procédures françaises.

J’ai donc contacté sur LinkedIn Marc Bertonèche, professeur d’économie à Harvard, Oxford et HEC, l’un des spécialistes français du Chapter 11, pour en décrypter les arcanes en lui expliquant le cas CWT. Sa réponse fut simple et claire : « Le grand avantage du recours au Chapter 11 est qu’il permet de restructurer la dette tout en continuant l’exploitation de l’entreprise sans qu’à aucun moment les créanciers puissent exiger quelque remboursement que ce soit ». Et de poursuivre : « Cela procure donc à l’entreprise une période de calme et de sérénité pour lui permettre de se réorganiser et de se relancer, ce qui lui serait impossible sans le Chapter 11 sous la pression des créanciers divers ». 

En 2015, Marc Bertonèche avait écrit un très bon papier dans Les Echos pour dire la « remarquable efficacité » de ce dispositif qui avait permis, à la suite de la crise des subprimes, de restructurer 2000 milliards de US$ de dettes de sociétés américaines en 2008 et 2009. Il appelait alors la France à s’en inspirer : « Alors que, dans bon nombre de pays, les lois de la faillite ont pour objectif premier de satisfaire immédiatement les créanciers en liquidant les sociétés en détresse, le Chapter 11 est un véritable acte de gestion permettant de mettre en œuvre tout ce qui est nécessaire pour assurer leur survie et la reprise de leur activité ». 

Cette procédure a cependant plusieurs inconvénients : elle est chère (elle nécessite de recruter une armée de conseillers juridiques pour satisfaire à toutes ses obligations) et elle peut être très longue, avec le risque de ternir l’image de la société auprès des clients et des fournisseurs. On se souvient qu’au milieu des années 2000, Delta Air Lines était restée 19 mois sous ce régime. 

Pour aller plus vite et économiser des frais, il existe donc ce qu’on appelle la procédure de « pre-packaged bankruptcy », choisie par CWT. En clair, il s’agit d’anticiper en rédigeant un pré-accord avec tous les créanciers pour transformer une partie de la dette en actions afin d’entrer et de sortir tout de suite du Chapter 11. C’est ce qu’a fait CWT en annonçant dès le 14 septembre un accord avec 90% de ses créanciers puis le 1er octobre la mise en place d’une procédure de Chapter 11 « pre-packaged ».

Le toujours excellent site The Company Dime nous en apprend un peu plus sur les coulisses de la situation. Le journaliste a interrogé deux experts juridiques qui ont tous deux (et séparément) déclaré que, pour cette procédure, « c’est un signe fort que CWT utilise Kirkland & Ellis comme conseiller juridique. Ils sont connus comme l’un des principaux cabinets d’avocats spécialisés dans les faillites de grandes entreprises. (…) Cela vous indique que ceux qui contrôlent cette procédure attribuent une valeur importante à l’entreprise. »

Les deux experts se sont aussi amusés d’apprendre que CWT avait déposé son dossier devant le tribunal des faillites du district sud du Texas. CWT, dont le siège est au Minnesota, est présent au Texas, ce qui permet techniquement à la TMC d’y déposer son dossier. Le tribunal ferait partie d’une petite poignée de tribunaux « favorables aux débiteurs » dans le pays, a révélé l’un deux. « Ce tribunal a mis en place un registre séparé pour les grosses affaires commerciales compliquées. Il y a deux juges et ils sont rapides ». 

Si certaines procédures « pre-packaged » ont été conclues quelques jours après le dépôt du dossier, un délai de plusieurs semaines est néanmoins plus courant. Selon le calendrier des procédures, CWT planifie d’entamer les procédures du Chapter 11 au plus tard le 7 novembre devant le tribunal des faillites du district sud du Texas. Dans une lettre datée du 1er octobre, Michelle McKinney Frymire, la nouvelle directrice générale de CWT, prévoit « de mener à bien cette procédure judiciaire très rapidement, voire en un seul jour ». Après cela, CWT disposera selon The Company Dime « de liquidités substantielles (350 millions de US$ ont été évoqués) et d’une dette diminuée d’environ 50 % ». La nouvelle équipe pourra alors repartir d’un bon pied, c’est évidemment tout le mal qu’on lui souhaite. 

L’actionnariat ainsi modifié, CWT sera entre les mains de nouveaux propriétaires. C’est une page qui se tourne pour la famille Carlson qui avait fusionné ses activités voyages d’affaires avec celles du groupe Accor en 1994, donnant ainsi naissance à un géant. Pour l’anecdote, j’avais rencontré en 1999 la patronne, Marilyn Carlson, dans son bureau à Minneapolis quand j’étais rédacteur en chef du magazine Voyages d’Affaires. Brushing et tailleur façon Sue Ellen dans Dallas, un accent à couper au couteau, une énergie et un optimisme très « américains », bref une sacrée business woman !

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Entretien exclusif avec Stéphane Birochau, Vice-President Head of Customer Management EMEA, CWT

Un rendez-vous mensuel exclusif en live !

D’une durée de 40 minutes, diffusés sous le format d’un « webinaire live » et ouverts à tous, ces entretiens sont dirigés par François-Xavier Izenic, journaliste et conférencier.

Cet échange doit permettre de poser toutes les questions des membres de l’association et d’apporter des réponses concrètes aux enjeux de l’industrie des déplacements professionnels et de la mobilité.

Le prochain partenaire à se prêter à cet exercice « exigeant » est CWT.

 

Stéphane Birochau est Vice-President Customer Management EMEA de CWT depuis 2021, une région qui pèse pour la moitié des volumes du Réseau International CWT.

Il dirige les activités commerciales de suivi clients dans 27 pays en Europe. Il s’appuie sur le leadership de ses équipes locales pour servir un vaste portefeuille de clients nationaux et multinationaux, déployer l’innovation de CWT sur ces marchés et veiller à ce que les objectifs de sécurité, de RSE et d’optimisation de la dépense Voyage des sociétés clientes soient atteints.

Basé à Paris, il bénéficie de 30 ans d’expérience commerciale et de leadership au sein du Groupe CWT sur des périmètres nationaux, régionaux ou globaux.