Comment donner une valeur stratégique aux voyages ?

Relier l’impact du déplacement professionnel, son coût, ses risques et ses avantages, aux objectifs stratégiques de l’entreprise : tel est l’avenir du travel management, selon Scott Gillespie qui donne ici de précieux conseils.

Rien de tel qu’une chronique de Scott Gillespie pour se mettre en forme ! En ce début d’année 2022, le gourou du voyage d’affaires a encore frappé avec un texte clair et visionnaire qui vient de paraître dans Business Travel News.

Le fondateur de tClara part du constat suivant : « Aujourd’hui, avec la crise de Covid et le changement climatique, les entreprises sont confrontées à de grandes questions concernant la rétention des talents, la santé et la mobilité des employés, les objectifs de réduction des émissions carbone, la fragilité de la chaîne d’approvisionnement et l’impact de la communication numérique ». 

Concrètement, les entreprises se demandent : « Où nos employés doivent-ils travailler ? Comment et à quelle fréquence doivent-ils se réunir ? Comment recruter et retenir les meilleurs talents ? Comment rester en contact avec nos clients et nos fournisseurs ? Comment allons-nous innover et nous développer tout en étant responsables en matière de carbone ? »

Pour répondre à ces questions, les entreprises n’ont d’autre choix que d’analyser leurs objectifs commerciaux stratégiques et de déterminer les arbitrages, les sacrifices, les risques et les avantages de faire du business d’une manière ou d’une autre. 

Pour Scott Gillespie, certaines entreprises se rendront forcément compte que la problématique des voyages d’affaires est au carrefour de tous ces sujets. Et qu’inévitablement d’autres questions surgiront : « Quels sont les problèmes qui doivent être résolus par davantage de réunions physiques ? Qui doit voyager, quand, comment, où et à quelle fréquence ? Quelles réunions justifient un voyage d’affaires ? Comment pouvons-nous être sûrs que nous voyageons pour les bonnes raisons ? »

Selon lui, de plus en plus de dirigeants vont en 2022 commencer à comprendre que les voyages doivent être utilisés comme une stratégie au service d’objectifs plus importants. Et de préciser : « Certains verront les voyages comme une ressource rare, à forte intensité de carbone, à n’utiliser que pour les problèmes les plus urgents ; d’autres y verront un avantage concurrentiel à utiliser pour distancer les concurrents ; d’autres encore s’en serviront pour améliorer la mobilité, le recrutement et la fidélisation des employés. »

Alors comment procéder ? Scott Gillespie donne 10 indicateurs qui permettent de juger si les voyages sont utilisés au service de la stratégie de l’entreprise :

  1. Au cours des 12 derniers mois, la direction générale a-t-elle clairement établi les priorités du programme de voyages, c’est-à-dire qu’elle a choisi entre des objectifs stratégiques tels que la réduction des coûts, l’amélioration du bien-être et de la sécurité des voyageurs, la réussite des voyages, la réduction des émissions de CO2 liées aux voyages et la fidélisation des voyageurs ?
  2. La politique voyages est-elle intentionnellement conçue pour réduire les voyages de moindre valeur et améliorer les chances de succès des voyages de plus grande valeur ?
  3. Les professionnels du voyage (travel managers…) contribuent-ils activement aux décisions relatives à la politique de travail à distance et de retour au bureau ?
  4. Le programme et la politique voyages sont-ils considérés comme un avantage concurrentiel lors du recrutement et de la fidélisation des grands voyageurs ?
  5. Les managers exigent-ils une évaluation impartiale de la justification de chaque voyage avant celui-ci ?
  6. Chaque voyage est-il lié à un objectif stratégique important, par exemple, « accroître nos revenus » ou « améliorer les compétences de notre personnel » ?
  7. L’entreprise suit-elle et rapporte-t-elle les indicateurs de voyages (trop nombreux ou insuffisants) pour chaque objectif stratégique ?
  8. Les décisionnaires des objectifs stratégiquement importants peuvent-ils modifier rapidement les critères de justification des voyages liés à leurs objectifs ?
  9. Existe-t-il des objectifs, des stratégies et des indicateurs clés de performance spécifiques pour améliorer la santé, la sécurité et le bien-être des grands voyageurs ?
  10. Existe-t-il des objectifs, des stratégies et des indicateurs clés de performance spécifiques pour réduire les émissions carbone liées aux voyages ?

Scott Gillespie estime que « les programmes voyages de taille intermédiaire ou grands comptes peuvent en moyenne revendiquer aujourd’hui moins de trois des marqueurs ci-dessus. Six marqueurs seraient très bons ; neuf seraient excellents ; 10 est tout à fait possible pour de très nombreux programmes voyages ».

Et de conclure : « Le fait de considérer les voyages comme une stratégie va ouvrir une frontière d’une importance vitale pour les travel managers. » A bon entendeur…

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

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