La mobilité partagée

Mobilité, voilà un terme à la mode dans le voyage d’affaires : on parle de «Mobility Manager», «d’outils de mobilité», voici maintenant la «mobilité partagée». De quoi s’agit-il ? De co-voiturage, de taxis partagés, de nouvelles façons de se déplacer pour des raisons économiques d’abord, écologiques ensuite, puisque désormais les deux se conjuguent. Et s’appliquent à l’entreprise, donc à son Travel Manager.

Prenons un exemple mis au point en Suède, désormais appliqué chez Volvo France, le taxi partagé. Mis au point par le service logistique du constructeur automobile, il s’agit d’un système simple disponible sur l’intranet de l’entreprise, et par lequel les collaborateurs doivent impérativement passer lorsqu’ils ont besoin d’un taxi. Pour tout déplacement, le collaborateur remplit au préalable une demande sur le système, indique son centre de coût, la date de départ, le point de départ et d’arrivée. Son taxi lui est immédiatement réservé, y compris pour le prendre au bureau ou le ramener à domicile. «L’idée est, autant que faire se peut, de partager la voiture et les coûts», explique Valérie Worhrlé, TM AB Volvo à Lyon. Les déplacements étant fréquents entre les deux principaux sites de Lyon ou Goëteborg, il est bien rare en effet qu’une seule personne ait à voyager dans un sens ou dans l’autre. «Des contrats ont été passés avec des compagnies de taxis ou des transports de personne. Nous avons des lieux de prise en charge dans l’entreprise, à l’aéroport de Lyon et dans les gares». Le système est aujourd’hui bien huilé, les factures sont envoyées directement aux centres de coût et les collaborateurs évitent ainsi les avances de frais, l’attente des remboursements, les problèmes de cash ou de cartes. En contrepartie, le salarié doit impérativement passer par la plate-forme, sinon il ne sera pas remboursé.

Du taxi partagé privé au taxi partagé public

mobilite-partagee-super-shuttle-aftmCette réalisation exemplaire, appliquée depuis un an en France mais depuis des années en Suède, est clairement née des besoins d’économies dans un secteur industriel difficile. Mais le formule pourrait sans doute s’appliquer dans d’autres entreprises, et s’avère d’autant plus rentable lorsqu’il y a des échanges en « point à point » récurrent sur certains sites. Il s’agit là d’une initiative privée réalisée au sein d’une entreprise, mais le principe des taxis partagés existe aussi côté grand public avec un service «SuperSchuttle» imaginé par Véolia Transport et créé en France en février dernier. Le principe : un service internet et un service de taxis réservés la veille en ligne ou au téléphone (+ 33 (0) 1 43 65 55 55 de 9h à 19h, 7 jours sur 7). La compagnie met au point un circuit optimisé en fonction des autres réservations et une confirmation est envoyée par e-mail mentionnant date et horaire de prise en charge, les consignes relatives aux points de rendez-vous, le numéro vert du service assistance. Un chauffeur passe vous prendre, avec vos bagages, à l’heure dite et à l’endroit convenu, dans une fenêtre de 15 minutes à partir de l’horaire indiqué sur la confirmation de réservation. Le service est disponible dans 22 communes limitrophes de Paris. Le tarif vers ou à partir de Charles de Gaulle et Paris centre-ville est de 27 euros pour le premier passager et de 17 euros par personne supplémentaire. Pour mémoire, le tarif des cars Air France est aujourd’hui d’une quinzaine d’euros par personne, celui d’un taxi d’environ 45 € de la Porte Maillot à CDG en roulant bien. Cette superSchuttle est, ni plus ni moins qu’un taxi partagé.
Comuto, application iPhone de covoiturage.com

mobilite-partagee-comuto-aftmAprès l’économie, c’est l’écologie qui a été le moteur d’une initiative menée chez Transavia en faveur de la voiture partagée. Située en zone industrielle d’Orly, la compagnie aérienne draine des collaborateurs de Paris et de toutes les banlieues, mais elle est très éloignée des transports en commun. Elle a mis elle aussi au point un système de partage, mais de voitures individuelles cette fois puisque c’est tout bonnement du co-voiturage. Les économies réalisées ne se font pas au bénéfice direct de l’entreprise, ce sont les collaborateurs qui réduisent leurs dépenses de carburant, mais elle y gagne indirectement. En « esprit d’entreprise », avec des collaborateurs très impliqués dans la démarche globale de l’entreprise en faveur du développement durable. Le partage des moyens de transport lui a également permis d’améliorer son bilan carbone, et sa communication sur ce sujet. C’est la directrice générale, en charge des finances, qui a directement pris en main le dossier, pas de TM dans cette PME ! Si l’entreprise avait été plus importante, un tel sujet aurait pu arriver à la DRH, à la DAF, à la Direction du Développement durable dans une grande entreprise ou, comme bien souvent, dans les bras de celui qui a des idées… Le TM !

Il faut bien l’avouer, le co-voiturage est bien souvent le fait d’initiatives individuelles et si les entreprises l’encouragent presque toujours officiellement, elles n’y mettent pas les doigts et délèguent. Ainsi l’entreprise Green Cove Ingenierie, créée en 2003, a réalisé des sites privés de covoiturage pour des collectivités (conseils généraux, grandes agglomérations) dans la France entière avec une plate forme covoiturage.pro. Son site internet public de covoiturage 123envoiture.com est également très utilisé par des initiatives individuelles dans les entreprises, ainsi que covoiturage.com ou comove, ne serait-ce que pour organiser des déplacements pour se rendre à des congrès ou des conventions.

Le partage de location

mobilite-partagee-super-shuttle-aftmDans l’esprit de la voiture partagée, le système de location de voitures mises en place sur le parking de l’entreprise, à disposition des collaborateurs agréés, a pris de l’ampleur ces dernières années. L’avantage : la disposition immédiate du véhicule à la demande. L’inconvénient : la gestion du système. Ce sont rarement les TM qui sont chargés de ce dossier, plus souvent les Directions Achats et même des « managers et gestionnaires de flotte », dans les plus grandes entreprises. Il reste que le TM étant régulièrement en contact avec des loueurs de voiture, c’est aussi vers lui que l’on se tourne pour la question dans les PME et PMI !
Parmi les solutions les plus simples à mettre en place, de nombreuses entreprises ont choisi les systèmes d’auto-partage en libre-service. En région parisienne, trois leaders se partagent le secteur, Okigo, association d’Avis avec Vinci-Park, mobizen ou, plus orienté vers les particuliers, Caisse commune. La solution permet d’économiser par rapport à l’achat d’une voiture de société et supprime le système complexe de notes de frais. Les collaborateurs peuvent réserver leur voiture 24h/24 et 7 jours sur 7 par internet, généralement grâce à une carte personnelle fournie à chaque conducteur. Depuis quelques jours, des MINI Cooper D sont ainsi en autopartage avec Mobizen dans le parking de la société Accenture, dans le quartier de la BNF. Le service est en marque blanche (il ne s’appelle pas mobizen), l’entreprise s’approprie le service à 100% et les collaborateurs découvrent l’autopartage dans le cadre de leurs missions professionnelles. Et pour leurs besoins personnels, ils bénéficient d’un accès direct et privilégié au service mobizen et à notre centaine de stations près de chez eux. Chaque voiture porte un nom : “Flexibilité”, “Innovation”, “Collaboration” et “Eco-système”, les ambitions du projet d’entreprise “Moving Forward” d’Accenture. Pour mettre en place le système, mobizen a travaillé en partenariat avec Alphabet, une société de BMW Group, spécialiste de la location longue durée et de la gestion de parc multimarque, qui va donc désormais commercialiser ce nouveau service d’autopartage en entreprise dans sa palette de services, sous le nom “Alphacity”.

Le TM a-t-il à se mêler de ce sujet ? Une partie concerne directement les déplacements professionnels, une partie moins directement et relève plus de la politique économique globale de l’entreprise, et son souci de l’environnement. Il reste qu’avec les obligations 2011 de réalisation d’un bilan carbone (application du Grenelle de l’environnement) pour les entreprises, tous les services vont être interrogés, et la responsabilité du Travel Manager va très vite être engagée pour devenir «expert en déplacement durable»

Une astuce de partage de coût à nous faire savoir ? Des expériences à partager ? N’hésitez pas à nous le faire savoir pour enrichir ce dossier destiné à rester en Une du site puis en Bibliothèque, à la disposition de tous les adhérents. Contact, comme toujours, Coralie Malbet: cm@aftm.fr