Zoran Jelkic : « les efforts écologiques vont devenir un avantage compétitif »

Le directeur général France d’Air France a répondu à nos questions pour ces 8e Entretiens de l’AFTM. Voici quelques-unes de ses citations les plus marquantes. 

 

Quelle activité au premier trimestre ?

« On est à un niveau d’activité de l’ordre de 40% mais le segment affaires, qui est le plus impacté, ne dépasse pas les 20%. En termes de programme de vol, on couvre à peu près toutes les destinations même si on a diminué les fréquences évidemment. Des secteurs s’en sortent mieux, comme la construction ou le service public. Plus globalement, le trafic domestique, le trafic affinitaire sur les Dom et sur l’Afrique et bien sûr l’activité cargo résistent bien. »

 

Quelle reprise ?

« On fait le pari de la reprise pour l’été, en espérant que la vaccination fasse son effet. D’ailleurs, on commence à avoir un peu de réservations pour l’été. On a vu dans le passé récent que la reprise pouvait être rapide, l’appétence aux voyages reste intacte. Avant une reprise plus franche en septembre. »

 

La reprise passe-t-elle par Transavia ?

« Le réseau domestique était la principale poche de perte, 219 millions d’euros en 2019, et c’était insoutenable. La crise sanitaire a accentué l’urgence d’un changement de modèle. On était coincé entre la concurrence du TGV et celle des low cost. Pour résister, il fallait accélérer le déploiement de Transavia. A l’été 2023, Air France restera présent sur les navettes, l’alimentation du hub de Roissy et sur le hub de Lyon. Tout le reste sera opéré par Transavia. Air France restera donc sur des routes à dominante affaires. Par ailleurs, le chiffre d’affaires de Transavia est désormais inclus dans le contrat corporate et le contact commercial chez Air France reste le même. Une précision à l’égard des TMC : il n’y aura pas de rémunération sur les ventes de Transavia car on a souhaité préserver le modèle low cost de la compagnie. » 

 

Une guerre des prix à venir ?

« Sur le court et moyen-courrier, les grosses low cost résistent mieux à la crise car elles sont globalement moins impactées que les grandes compagnies et elles sont sur le segment qui résiste le mieux. Je ne vois donc pas d’évolution tarifaire sur ce segment. Sur le long-courrier, je vois encore un déséquilibre entre l’offre et la demande et je ne vois pas non plus une inflation des prix. Je crois donc à une stabilité des prix. »

 

Quelles conditions commerciales ? 

« Depuis le début de la crise on est resté très en contact avec nos clients. Concernant les contrats corporate, on renouvelle les conditions de remise de 2019 sur 2021 alors que les volumes n’ont rien à voir. On cherche aussi à avoir une plus grande couverture de nos contrats : on tient désormais compte des zones géographiques et non plus des routes précises. Et le point majeur : la flexibilité. Tous nos clients peuvent se faire rembourser ou modifier sans frais leurs billets. Et concernant la carte d’abonnement, on a l’a prolongé de six mois en 2020 et très récemment on l’a à nouveau prolongé de trois mois. » 

 

Quelle surcharge GDS ?

« On rendra public bientôt le montant de la surcharge assortie aux réservations via Amadeus, on parle de quelques euros par segment. » 

 

Le marché affaires : une baisse inéluctable ?

« De façon conjoncturelle, les voyages d’affaires vont baisser en raison de la crise économique. Ensuite, de façon structurelle, oui, il y aura un impact mais la visioconférence ne peut pas remplacer tous les déplacements. IATA dit que le niveau de 2019 ne sera pas là avant 2024 ou 2025, on adaptera donc nos capacités. Mais il faut savoir que 50% de nos clients de la classe avant ne voyagent pas pour motif affaires. » (Selon un sondage réalisé en direct lors du webinaire, 80% des votants affirment que les voyages d’affaires vont diminuer après la crise du Covid). 

 

Quelle dimension écologique ? 

« On essaie d’embarquer nos clients corporate avec nous autour de nos engagements, c’est-à-dire moins 50% de CO2 par passager/km à horizon 2030 par rapport à 2005. Et sur le domestique, c’est à horizon 2024. Deux dispositifs : l’absorption des voyages des collaborateurs via des projets de captation et de séquestration de carbone, et le deuxième, des biofuels de deuxième génération. Notre ambition, c’est en effet de développer une filière de biofuels en France. Cela peut devenir un avantage compétitif si les clients corporate se tournent vers les compagnies les plus vertueuses. » (Selon un sondage réalisé en direct lors du webinaire, 57% des votants pensent que les entreprises vont moins prendre l’avion pour des raisons écologiques).

 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM