Chaque mois, l’AFTM partagera dans sa newsletter et sur son site Internet des “regards croisés d’adhérents” sur un thème précis. Partant du principe qu’il n’y a pas une “vérité” mais des “organisations” différentes, l’objectif est de faire le point sur les sujets tendances ou à enjeux du marché et de partager quelques bonnes pratiques et clés de compréhension !
D’abord confidentiel puis novateur et enfin, un vrai sujet professionnel, le bleisure est aujourd’hui entré dans les mœurs puisque 56 % des milllenials déclarent le pratiquer régulièrement. Depuis 2001, une jurisprudence existe et vient encadrer légalement le bleisure, offrant aux entreprises comme aux salariés une structure indispensable. Ce besoin d’encadrement fort est dû notamment à la sécurité que doit l’entreprise à son collaborateur, même en dehors de ses murs.
L’entreprise peut tirer de nombreux bénéfices à voir ses salariés pratiquer le bleisure à condition qu’elle encadre étroitement cette pratique. Elle doit d’abord identifier les “volontés” de bleisure de ses collaborateurs et ensuite les considérer avec attention. Une bonne communication interne, écrite, est alors indispensable.
Les voyageurs d’affaires feront dans leur majorité du bleisure (de manière anodine ou totalement planifié), qu’ils ajoutent du temps personnel autour de leur séjour professionnel ou bien qu’ils s’octroient des moments personnels entre deux rendez-vous. Le bleisure apparaît alors aujourd’hui comme inévitable. Ce phénomène est encore plus marqué pour les voyageurs occasionnels qui se déplacent peu dans le cadre de leurs missions et auront donc à coeur de profiter de l’occasion pour découvrir “un peu plus” la destination. A l’inverse, les collaborateurs qualifiés de road warrior préfèreront aller au plus vite en raccourcissant au maximum les temps de latence durant leurs déplacements. Dans les deux cas, l’entreprise a donc tout intérêt à l’intégrer dans la conception de sa politique voyage et le choix de ses outils.
La clef d’un bleisure assumé et réussi réside dans la communication que mettra en place l’entreprise auprès de ses collaborateurs afin d’offrir un cadre protecteur à chaque moment de leur déplacement professionnel. Ce cadre ne pourra naturellement pas être le même selon la taille et les objectifs de l’entreprise.
Pour aller plus loin sur le sujet, nous vous conseillons la lecture du dernier guide pratique de l’AFTM consacré aux défis de la mobilité en entreprise et à la prévention des risques en déplacement professionnel, lequel contient une fiche spécifique sur le bleisure.
Le regard de Christophe Chambon, Délégué régional PACA, AFTM
Quel est personnellement votre perception du bleisure ?
Le bleisure a finalement toujours existé, il n’avait pas de nom, n’était pas encore un concept mais ce phénomène n’est pas nouveau. Son ampleur l’est. Les nouvelles générations pensent aux moments de bleisure dès le montage de leur déplacement. C’est un sujet dont on parle, qu’il est nécessaire de bien intégrer dans les processus.
Quel est le regard de votre institution sur le bleisure ?
Le sujet existe mais il n’y a pas de réelle prise en main ni de communication interne autour. L’institut encadre le sujet mais ne souhaite pas l’inciter. Il autorise le bleisure si cela n’a pas d’impact financier sur le coût du déplacement et dans la mesure où le collaborateur l’encadre de manière officielle.
Comment le bleisure est-il organisé concrètement ou pas ? Et sinon, pourquoi ?
Nous essayons de maîtriser le phénomène pour limiter les risques associés. Notre objectif est d’encadrer le bleisure en séparant concrètement les temps de travail et de loisirs par la pose de congés par exemple. Nous avons conscience que cela n’est pas suffisant et que tout le temps passé entre les allers et retours financés par l’entreprise est sous la responsabilité de l’employeur mais nous n’avons pas encore trouvé de solution idéale.
Le regard de Catherine Pauchant, travel manager, IDGROUP
Quelle est personnellement, votre perception du bleisure ?
En tant que personne, je trouve cela super ! En tant que travel manager, je trouve que cela privilégie les personnes qui voyagent dans le cadre de leur travail, c’est en quelque sorte un avantage en nature. Je trouve cela inéquitable par rapport aux postes sédentaires. Il y a aussi de ma part une volonté de protéger l’entreprise pour laquelle je travaille. Si l’entreprise paye l’aller et le retour d’un collaborateur pour un déplacement professionnel, elle est responsable de sa sécurité, même durant un temps de bleisure.
Quel est le regard de votre groupe sur le bleisure ?
Ce n’est pas interdit mais ce n’est pas encouragé. Cela pourrait même être mal perçu. Les acheteurs, en particulier les femmes qui ont des enfants en bas âge, sont souvent en déplacement, loin de leur famille, ils n’ont pas envie de prolonger leur absence et préfère rentrer chez eux. Le bleisure n’est pas interdit mais il n’est pas demandé par les salariés. Aucune organisation n’est mise en place car cela ne correspond pas au fonctionnement de l’entreprise et de notre secteur.
Le regard d’Amandine Roset, travel manager | Category Manager Travel & HR chez Arkema | AFTM – Déléguée Régionale Auvergne-Rhône-Alpes
Quel est personnellement votre perception du bleisure ?
À titre personnel, je trouve ça très bien, cela permet de donner à des missions complexes un intérêt nouveau, c’est légitime je pense de vouloir profiter d’une destination, surtout lorsque l’on n’est pas un grand voyageur. En tant que travel manager en revanche, je vois tous les problèmes de sûreté du collaborateur et de responsabilité d’entreprise que cela peut engendrer.
Quel est le regard de votre entreprise sur le sujet ?
C’est une chose compliquée à statuer car il n’y a pas de réglementation claire sur le bleisure. Le comité de direction tient beaucoup au bien-être des collaborateurs, le bleisure en fait partie. Il serait contreproductif de l’ignorer et nous avons une volonté de transparence dans notre politique voyage. Arkema se positionne clairement en faveur de la sûreté de ses collaborateurs et cela fait partie des grands chantiers de 2019. Nous pensons que les collaborateurs prennent des risques par méconnaissance plus que par malveillance et que c’est en les informant qu’ils pourront éviter les comportements à risque et prendre conscience de cette opportunité.
Comment le bleisure est-il organisé concrètement ou pas ? Et sinon, pourquoi ?
Il existe aujourd’hui des procédures internes, le salarié doit faire une demande, son manager la valide puis l’envoie au service RH. Nous essayons d’encadrer la pratique du bleisure par des prises de congés. Nous ne voulons pas l’interdire mais faire en sorte qu’il soit contrôlé. Il y a une vraie volonté de se positionner de façon claire sur le sujet et une campagne de communication interne est en train d’être construite sur la sûreté, le bleisure en fera partie. Le wording et la communication autour sont en cours de construction. Nous pensons que tout passe par la prise de conscience et le comportement du collaborateur.