Les produits premium des compagnies aériennes sont plébiscités par les voyageurs loisirs au détriment des voyageurs d’affaires qui ont bien du mal à trouver de la disponibilité.
Le constat est sans appel : les classes affaires sont désormais majoritairement occupées par des passagers aisés voyageant pour leurs loisirs ou pour motifs personnels. C’est Bruno Trévidic, journaliste aux Echos, qui raconte cette tendance dont les origines remontent à la fin des années 2000.
« La migration forcée des voyageurs d’affaires vers l’arrière de l’appareil avait commencé dès la crise financière de 2008, écrit-il, quand les entreprises avaient entreprise de tailler dans leurs dépenses ». Le Covid a amplifié cette tendance et Air France indique que désormais plus de 50% des passagers en classes affaires voyagent pour leurs loisirs. « La proportion serait encore plus forte en classe premium éco, intermédiaire entre la business et l’éco et qui avait été inventée par Air France en 2008 pour tenter de freiner la migration de la clientèle professionnelle vers l’arrière ».
Le quotidien économique rappelle l’enjeu de cette clientèle premium : « En moyenne, un passager affaires représente l’équivalent en recettes de trois à cinq passagers éco » (…) alors « qu’un passager de premium éco vaut 1,5 passager éco ». Au final, « chez Air France, ces passagers premium ne représentent que 10% du trafic mais un tiers de son chiffre d’affaires ».
Aux Etats-Unis, le constat est identique et les acheteurs s’en inquiètent. Ces derniers confirment auprès de Business Travel News la difficulté de trouver des sièges premium et, lorsque qu’ils sont disponibles, «les tarifs sont choquants ». Un acheteur parle même « d’un énorme point de frustration », notant que le service était « négativement affecté », même pour les membres du conseil d’administration et du comité exécutif.
Si la concurrence avec la clientèle loisirs est la raison de ce manque de disponibilité sur les sièges premium, elle est amplifiée par des délais de réservation des voyageurs d’affaires qui se sont beaucoup raccourci depuis la pandémie. « Il est important de réserver le plus tôt possible » conseille Kyle Mabry, vice-président des ventes mondiales d’American Airlines.
Une autre raison, plus mystérieuse, serait liée à un problème de contenu délivré par le GDS. United Airlines s’est ainsi rendu compte que des sièges premium n’étaient pas disponibles pour ses clients entreprises car le GDS ne les affichaient pas alors qu’ils étaient effectivement ouverts à la vente ! Sans révéler le nom du GDS incriminé, la compagnie aérienne dit « travailler avec lui pour que l’ensemble du contenu qui lui est fourni soit disponible dans les OBT ». Une étrange affaire que les travel managers doivent garder à l’esprit au cas où la situation se présenterait.
Reste à savoir si cette tendance va se pérenniser. Les experts interrogés par BTN ne sont pas tous d’accord. L’un affirme que « la part des voyageurs loisirs réservant des sièges premium pourrait se tasser surtout si les prix continuent d’augmenter ou si le ralentissement économique se concrétise ». Un autre dit l’inverse : « Une fois qu’ils seront habitués à un produit haut de gamme, ils ne voudront plus revenir en arrière ». Les paris sont ouverts.
François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM