Google : un avertissement pour le marché

Le géant de Mountain View a décidé de sabrer dans son budget voyages. Une décision qui en dit long sur la reprise à deux vitesses du voyage d’affaires et sur l’avenir du secteur. 

Inutile de dire que la missive a été diversement appréciée par les cadres de Google. Le site The Information a révélé que ces derniers avaient reçu un courriel début septembre leur demandant de limiter strictement leurs déplacements « aux voyages essentiels ». Le courriel précise que désormais la barre serait placée très haut pour définir comme essentiel un déplacement ! 

En clair, lorsqu’une option virtuelle sera disponible, les voyages et les réunions d’équipes physiques ne seront plus approuvés par la hiérarchie. Rien que ça ! Contactée par The Information, Google ne s’est pas étendu, expliquant avoir adopté « une approche plus responsable de la gestion des dépenses voyages ». 

Quelques semaines plus tôt, en août, le Wall Street Journal annonçait que Microsoft avait expressément demandé à ses salariés de réduire leurs déplacements professionnels et les événements organisés par l’entreprise afin de maîtriser les coûts. 

Il faut bien sûr replacer ces décisions dans un contexte particulier à l’industrie technologique qui « subit ces derniers mois une douloureuse vague de froid » comme le racontait récemment le magazine L’Express. « Les capitalisations boursières des stars du secteur ont dégringolé de façon vertigineuse depuis le début de l’année : -51% pour Meta (ex-Facebook), -49% pour Paypal, -60% pour Netflix… » Inflation, perturbation des chaînes d’approvisionnement, hausse des taux directeurs, investissements aventureux, entreprises survalorisées…, le monde de la tech craint l’éclatement d’une nouvelle bulle internet et met ses représentants les plus emblématiques au régime sec.

Cité par le site Skift, Steve Reynolds, le Pdg de Tripbam, une plateforme d’audit des voyages d’affaires, soutient depuis longtemps que les entreprises de la tech ont été beaucoup plus prudentes que les autres lors de la reprise du voyage d’affaires. « En juin dernier par exemple, les volumes ne représentaient que 50% des niveaux prépandémiques alors que la plupart des autres secteurs avaient atteint 80% », détaille-t-il. 

En réalité, toutes les grandes entreprises sont sur la réserve. Le magazine Forbes a ainsi repris les propos du directeur commercial de Southwest Airlines qui disait fin juillet : « La reprise concerne surtout les PME et l’administration. Nos plus grandes entreprises sont à la traîne, en particulier les banques, les sociétés de conseil et les entreprises technologiques. Avant le Covid, elles faisaient partie de nos meilleurs voyageurs, elles sont aujourd’hui au bas de l’échelle ». 

En France, la SNCF faisait il y a quelques jours une nouvelle fois le même constat dans Les Echos : il lui manque encore 10 à 15% de sa base de clientèle affaires d’avant-Covid. Ce sont les voyageurs des grandes entreprises qui font défaut, ceux des PME sont revenus à leur niveau de 2019. 

Les grandes entreprises reprendront-elles un jour le chemin des voyages ? Google et Microsoft viennent de répondre à la question. Aux dernières Universités d’AirPlus, le Crédit Agricole a dit très clairement que le nombre de ses déplacements professionnels allait baisser en raison des objectifs de réduction des émissions de CO2. Ces décisions sont loin d’être isolées et on pourrait en citer bien d’autres. Les professionnels du voyage d’affaires devraient y réfléchir et ne pas se laisser aveugler par les volumes actuels de vente, gonflés par l’inflation. 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

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