Location de voitures : « la tempête parfaite »

Pénurie de l’offre et flambée des prix : la location de voitures est entrée dans une ère de turbulences inédite et complexe à gérer pour les travel managers. Comment faire ?

Perfect Storm. Cette métaphore paradoxale (comment une tempête, par nature destructrice, peut-elle être qualifiée de « parfaite » ?) désigne, dans le langage courant américain, une aberration, où toutes sortes d’éléments disparates et improbables s’associent pour produire un bouleversement jamais vu auparavant. C’est ainsi que Business Travel News qualifie le marché de la location de voitures, reprenant l’expression d’un travel manager. La tempête en question est générée par une forte demande qui se heurte à une contrition chronique de l’offre de véhicules. 

Dans un article du 21 décembre, le quotidien économique Les Echos confirme que le secteur a bouclé «2021 avec le sourire». Jean-Philippe Doyen, le patron de Sixt, ne cachait pas sa satisfaction : « Nous avons battu notre record de résultat opérationnel au troisième trimestre et ce sera sans doute le cas sur l’ensemble de 2021 ». 

Le marché loisirs, devenu très domestique par la force des choses, a soutenu la demande mais pas seulement. BTN cite une entreprise néerlandaise dont la travel manager affirme que, si le volume des réservations aériennes a plongé pendant la pandémie, celui de la location de voitures est resté stable. 

Le gros hic : les loueurs n’arrivent pas à acheter autant de véhicules qu’ils le souhaiteraient. Confrontés à des problèmes d’approvisionnement, « les constructeurs automobiles privilégient la clientèle individuelle, la plus rentable, au détriment des loueurs qui achètent en masse (et donc avec un rabais) des modèles dotés de peu d’options ». 

Résultat : les tarifs flambent. Comme l’écrit BTN, « après des décennies de changements minimes et de tarifs déprimés par une concurrence féroce, la situation a radicalement changé ». Pour les entreprises et les acheteurs, la pression est forte. Sabah Kahoul, consultante et vice-présidente de l’Association Suisse du Travel Management (ASTM), affirme dans BTN que « les fournisseurs poussent à des augmentations tarifaires à deux chiffres ». Même en négociant habilement, elle prévient que les acheteurs risquent de finir par payer au moins 5% de plus. 

Un problème qui ne se limite pas aux nouveaux accords. Sabah Kahoul révèle ainsi que les loueurs font pression pour renégocier les taux contractuels existants. Sans compter les problèmes critiques de disponibilité : impossibilité pour les voyageurs de réserver une voiture ou, plus grave, annulation de réservations existantes, parfois la veille de la location. 

Alors que faire ? Quelques conseils de BTN pour sécuriser tant que faire se peut le budget location de voitures :

  • Assurer la disponibilité. Obtenir des engagements en béton des loueurs sur la mise à disposition des véhicules. Une priorité peut-être plus importante que le prix.
  • Envisager des contrats à long terme. Trois ans et même cinq ans pour Sabah Kahoul. 
  • Signer plusieurs partenaires privilégiés. Une bonne stratégie pour atténuer le risque de pénurie selon Sabah Kahoul. 
  • Utiliser plus efficacement les véhicules. Grâce aux datas des reporting, la réévaluation des habitudes des voyageurs peut montrer qu’une location plus courte fera l’affaire.
  • Regarder au-delà du tarif de base. Attention, les frais annexes peuvent être très coûteux : plein de carburant, kilométrage, livraison, aéroport…

Des astuces qui pourront permettre de mieux affronter une tempête qui ne semble pas prête de s’arrêter de souffler. 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

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