Moins de CO2 ? Tous en classe affaires !

Une politique voyages qui favorise la classe affaires dans les avions permet de lutter contre le réchauffement climatique. Ah bon ?

C’est la dernière provocation de Scott Gillespie, le gourou américain du voyage d’affaires, dont nous aimons relayer régulièrement les audaces dans les colonnes de L’œil de l’AFTM. Sa théorie est de battre en brèche l’hypothèse traditionnelle selon laquelle les vols en classe économique sont moins nocifs pour le climat. Il est admis en effet qu’un siège de classe affaires émet plus de CO2 qu’un siège de classe économique car son emprise au sol est plus grande, un fauteuil en business prenant en moyenne la place de trois sièges en économie. Or, si vous avez plus de passagers dans l’avion, vous diminuez de facto l’empreinte carbone de chacun. Logique.

Sauf que Scott Gillespie affirme que ce n’est pas la surface qui compte mais le poids des sièges, des passagers et des bagages. Sa démonstration ? Imaginez qu’une compagnie supprime trois sièges en classe économique pour ajouter un siège en classe affaires. Selon les calculs du fondateur de tClara, le poids du siège affaires, et de son passager avec ses bagages, représente environ la moitié du poids des trois sièges en classe éco et de leurs trois passagers avec bagages. « Cela signifie que le vol a besoin d’un peu moins de carburant et qu’il émet donc un peu moins de CO2 ». CQFD. Et de rappeler que, sur le plan climatique, « il s’agit de réduire les émissions globales et non les émissions par passager ». 

Du point de vue de l’entreprise, le raisonnement de Scott Gillespie est intéressant : à périmètre égal de budget voyages, si l’entreprise exige de ses voyageurs qu’ils prennent uniquement des vols en classe affaires, tous les déplacements ne pourront être justifiés à ce coût (à condition d’être capable de le mesurer). Une telle politique éliminerait donc les voyages à faible valeur, remplacés bien sûr par la visioconférence. « L’époque où l’on essayait de tirer le plus grand nombre de déplacements d’un budget voyages est révolue » affirme-t-il. 

Au final, moins de voyages approuvés, moins de vols nécessaires, moins de CO2 émis, davantage de bien-être pour le voyageur, meilleure fidélisation du collaborateur, et augmentation des chances de succès d’un voyage. Pour Scott Gillespie, une politique voyages de classe affaires systématique coche toutes les cases d’une stratégie voyages moderne, efficace et soucieuse de l’environnement. Une approche originale en tous cas qui mérite un vrai débat.

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM