Siemens passe aux résas NDC de Lufthansa

Siemens passe aux résas NDC de Lufthansa

C’est un pas capital qui vient d’être franchi par une compagnie aérienne dans la distribution de billets d’avion aux voyageurs d’affaires.

Depuis ce mois d’octobre, les voyageurs d’affaires de Siemens en France et en Belgique peuvent réserver leurs billets via la plateforme SAP Concur sur le canal NDC des compagnies du groupe Lufthansa (Lire ici).

C’est donc l’aboutissement d’un travail commun entre la compagnie (Lufthansa, Austrian Airlines, Swiss et Brussels Airlines) et l’entreprise allemande mais pas seulement, entre aussi SAP Concur, Travelfusion (qui fournit le contenu NDC) et BCD Travel qui est la TMC mondiale de Siemens.

Thorsten Eicke, vice-président pour la mobilité chez Siemens, s’est félicité de cet accord : « nos voyageurs d’affaires bénéficiaient déjà d’offres tarifaires spécifiques depuis que nous avions mis en place une connexion directe avec Lufthansa en 2016. Ils auront désormais un accès direct aux meilleures offres des compagnies du groupe baptisées NDC Smart ».

Cette annonce est intervenue peu après que Lufthansa a officialisé l’augmentation de sa surcharge pour toute réservation effectuée via un GDS (et donc une TMC), passant de 16 à 19 euros (Lire ici).

Une augmentation qui n’avait pas manqué de soulever des protestations internationales, notamment en Grande-Bretagne, où la BTA (association qui rassemble les principales TMC opérant outre-Manche), avait déclaré : « nous comprenons que chaque entreprise subit actuellement des pressions commerciales importantes, mais une approche plus collaborative avec les TMC aurait plus de succès pour relancer le trafic commercial, plutôt qu’une hausse des tarifs à court terme qui pénalise un canal de distribution clé ».

Comme le rappelle un article très intéressant paru sur PhocusWire (Lire ici), le Covid a « encore plus polarisé l’adoption de la norme NDC dans l’ensemble du secteur. Certains transporteurs comme Lufthansa utilisent la crise pour accélérer leur expansion NDC, tandis que d’autres, comme Delta, ont mis leurs efforts en veilleuse. Et de nombreuses compagnies de second rang, qui luttent actuellement pour garder les lumières allumées, ont mis en suspens leurs plans de déploiement de la norme NDC pour des temps meilleurs ».

Et de prévenir : « la coexistence entre les canaux traditionnels du GDS et le NDC sera une réalité pendant de nombreuses années. Cela rendra la vie des intermédiaires particulièrement difficile, car les flux de travail du back-office devront être flexibles pour faire face aux différentes normes technologiques qui fonctionnent en parallèle ».

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Etats-Unis : le voyage d’affaires en pleine dépression

Etats-Unis : le voyage d’affaires en pleine dépression
Depuis quelques jours, une vague de pessimisme submerge les acteurs du business travel outre-atlantique.
La déclaration a fait l’effet d’une bombe. « Je ne pense pas que nous reviendrons un jour entièrement à la situation d’avant Covid en matière de trafic affaires », a avoué Ed Bastian, le directeur général de Delta Air Lines, le 14 juillet lors de l’annonce de résultats trimestriels catastrophiques. Ces propos ont été rapportés dans un article de l’agence Bloomberg paru le 20 juillet, au titre préoccupant : « les compagnies aériennes américaines font face à la fin des voyages d’affaires tels qu’elles les ont connus ».
Les trois auteurs s’appuient notamment sur un sondage réalisé par le magazine Fortune dans lequel la moitié des Pdg des 500 plus grandes entreprises du monde ont déclaré que les voyages dans leurs entreprises ne redeviendraient jamais ce qu’ils étaient avant le Covid. Une prévision corroborée par Eric Bernardini, directeur général du cabinet de consultants AlixPartners : « avec les visioconférences, les entreprises considèrent que les budgets voyages sont mûrs pour des réductions ».
Les auteurs de l’article racontent aussi l’histoire de Warren Buffet, le célèbre investisseur, qui a vendu toutes ses participations dans American, Delta, Southwest et United au début de l’année alors que le Covid faisait ses premiers dégâts en occident. « Le monde a changé pour les compagnies aériennes », a-t-il déclaré en mai dernier devant les investisseurs de son fonds Berkshire Hathaway pour justifier son désengagement. Wall Street lui donne raison : les six plus grandes compagnies aériennes américaines ont terminé la semaine dernière avec une capitalisation boursière totale inférieure… aux 70 milliards de dollars que vaut à lui tout seul Zoom Video Communications Inc !
Et la situation ne s’améliore pas, bien au contraire, la progression de la pandémie n’étant guère rassurante. Selon les dernières statistiques de Transportation Security Agency, le nombre de passagers ayant voyagé aux US la semaine du 13 au 19 juillet a diminué de 4,4% par rapport à la semaine précédente, une première depuis avril.
Sur l’excellent site The Company Dime (un des médias les plus sérieux sur le voyage d’affaires), le journaliste David Jonas fait état de cette nouvelle perte de confiance dans un article au titre évocateur qu’il est inutile de traduire : « Corporate travel sentiments deteriorate ». Il révèle les résultats du dernier sondage réalisé par la Global Business Travel Association (GBTA) auprès de ses 2100 membres du 7 au 13 juillet dernier. Les deux tiers d’entre eux ont déclaré que les voyages d’affaires ont repris plus lentement qu’ils ne l’avaient prévu en mars. Concernant les licenciements dans le secteur, 44% ont affirmé que le pire était à venir… Pour information, Bloomberg révèle d’ailleurs que United Airlines vient d’envoyer des avis de licenciement potentiel à 45% de ses employés, idem pour American Airlines auprès de 25 000 collaborateurs, soit 29% de sa main d’œuvre américaine.
David Jonas rapporte aussi un autre sondage réalisé par Morgan Stanley auprès de 189 travel managers qui confirme cette poussée de pessimisme. Un peu moins d’un TM sur cinq s’attend à une reprise des déplacements professionnels d’ici mi-2021. Dans l’ensemble, ils attendent une diminution de 26% des budgets voyages en 2021. Les analystes de Morgan Stanley se disent au final « préoccupés par le fait que la reprise prendra plus de temps à se concrétiser ».
Pour les hôtels, la situation n’est pas meilleure. Dans un article du New York Times, Robin Farley, analyste chez UBS, prédit que le revenu par chambre disponible (le fameux RevPar, indicateur de référence de l’hôtellerie) ne reviendrait pas aux niveaux de 2019 avant 2023 ou 2024 en raison de la baisse de la fréquentation affaires ! Elle précise que les voyageurs d’affaires génèrent environ 70% des revenus mondiaux de groupes tels Marriott et Hilton.
La conclusion revient à David Jonas, le journaliste de The Company Dime, simple, brutale, malheureusement évidente : « Plus la reprise sera longue, plus les fournisseurs seront en difficulté ».
François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM