La nouvelle bataille du rail

RSE oblige, la réservation de billets de train internationaux en Europe devient l’un des enjeux majeurs des travel managers. Un chemin semé d’embûches. 

A peine croyable. Depuis le 1er janvier 2023, les personnels de l’université de Groningue ont l’obligation de prendre le train au lieu de l’avion pour tous les déplacements de moins de 800 km ou pour tous les voyages de moins de 9h en transport ferroviaire !

Même décision à l’université d’Utrecht, toujours aux Pays-Bas, qui interdit désormais les vols de moins de 700 km, soit l’équivalent d’un trajet entre Paris et Toulouse. Des dispositions qui essaiment dans les universités européennes raconte la journaliste du Figaro Etudiant, citant aussi en exemple celle de Neuchâtel en Suisse qui ne rembourse plus les trajets en avion qui peuvent s’effectuer en moins de dix heures de train !

Ces cas (extrêmes ?) illustrent bien la nouvelle attention des entreprises portée au transport ferroviaire afin de limiter leur empreinte carbone. Problème : la réservation de trains internationaux en Europe est un vrai parcours du combattant, pour ne pas dire un enfer. Dans un excellent article paru début décembre, Business Travel News Europe en décrit parfaitement les enjeux. 

Son auteur, Amon Cohen, rappelle d’abord que le contenu ferroviaire de l’Union européenne présent sur les OBT est limité, voire très limité, générant beaucoup d’insatisfactions parmi les travel managers et les acheteurs selon différentes enquêtes menées outre-Manche. La faute, selon Angela Lille, présidente du groupe de travail sur la durabilité au sein de BT4Europe (association dont fait partie l’AFTM), « aux opérateurs ferroviaires qui ne permettent pas souvent l’émission de billets transfrontaliers. La capacité de réservation est réduite aux voyageurs du marché national de l’opérateur ferroviaire ».

Cité dans l’article, Cédric Lefort, directeur Solutions Engineering chez BCD Travel, explique : « Le secteur aérien est beaucoup moins fragmenté que le rail, tout y est plus moins consolidé en un seul endroit qu’est le GDS. Alors que chaque fournisseur ferroviaire a son propre système, sa façon de distribuer, et ne rend pas tout son contenu disponible. (…) Il est difficile pour les GDS et les OBT de développer les connexions nécessaires à l’ensemble du contenu ferroviaire ». Comparé au rail, « NDC relève de la maternelle » confirme Paul Dear, de SAP Concur avec une image qui fait mouche. 

Alors que faire ? Pour Amon Cohen, les agrégateurs comme Trainline sont une partie de la solution, à la fois technique et réglementaire. Ils peuvent désormais prendre les flux de contenu de tous les opérateurs ferroviaires et les canaliser vers un tuyau unique et global utilisable par les TMC et les OBT. 

Encore faut-il convaincre les opérateurs ferroviaires d’ouvrir ces flux de contenu. C’est pourquoi l’espoir repose sur un règlement européen appelé « Services de mobilité numérique multimodale » qui vise à garantir l’accès à tous les contenus ferroviaires pour tous les canaux de distribution. Un premier projet de législation pourrait aboutir ce premier semestre. BT4Europe fait pression sur la Commission européenne pour accélérer le mouvement. Ce serait une sacrée bonne nouvelle pour le secteur du voyage d’affaires.

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Les webinaires de l'AFTM, demandez le replay !

Nous avons fait le choix enfin de ne pas diffuser le replay à l’issue des sessions mais à la fin de chaque cycle afin de favoriser la participation en live, d’encourager le débat et les questions aux intervenants et ainsi de préserver la spontanéité de l’exercice.
Aussi, les adhérents et les partenaires de l’AFTM peuvent consulter sur cette page le replay des webinaires passés.

Webinar AFTM (10 juin 2020) – Mobilités urbaines, le “vélotaf” pour tous ?

 

Webinar AFTM (20 mai 2020) – Hôtellerie d’affaires : comment gérer l’après-confinement ?

Webinar AFTM (7 mai 2020) – Ferroviaire : comment gérer les déplacements après le confinement ?


Webinar AFTM (27 avril 2020) – Aérien et crise du Covid19 : quid des avoirs, reports et remboursements ?

Webinar ferroviaire : les 10 points à retenir !

Deuxième webinar, deuxième réussite ! Vous avez été plus de 220 inscrits et presque autant à suivre le webinar sur la gestion du ferroviaire après le confinement. Pendant une heure, trois intervenants ont répondu aux questions de l’animateur François-Xavier Izenic et des internautes : Aurélie Soulat, country director chez Sabre, Olivier Pinna, directeur du marché Affaires à la SNCF, et Antoine Delesalle, directeur des ventes chez American Express GBT. Ce webinar fut riche d’informations et d’enseignements, nous vous en proposons ici l’essentiel.

1. Quelles sont les règles de déplacements lors du déconfinement et quels documents seront nécessaires ?

Les déplacements sont à nouveau autorisés à partir du 11 mai sans attestation :

  • et sans aucune restriction dans son département de résidence,
  • et dans une limite de 100 km de son domicile à vol d’oiseau en dehors de son département.

Donc, 2 cas de figure :

  • + de 100 km : il faut remplir la nouvelle attestation téléchargeable en cochant la case « motif professionnel » comme pour la précédente attestation. Attention : des contrôles seront organisés dans les gares, les aérogares ou sur certains tronçons d’autoroute ou de routes à grande circulation.
  • – de 100 km : se munir quoiqu’il arrive d’un justificatif de domicile. Attention, les utilisateurs des transports en commun en Ile-de-France (et notamment le Transilien, géré par la SNCF) devront se munir d’une autorisation de leur employeur indiquant une plage horaire de déplacement, pour éviter l’afflux de voyageurs en heures de pointe.

Par ailleurs, dans les régions, pour emprunter certains TER très fréquentés, les voyageurs devront être munis d’un coupon d’accès en complément du titre de transport. Ce coupon devra être imprimé avant d’arriver en gare.

2. Quid de l’échange et du remboursement des billets ?

Depuis le 9 mars, les frais d’échange et de remboursement ont été levés. Cette mesure sera d’abord prolongée jusqu’au 27 mai puis jusqu’au 25 juin mais avec le paiement de la différence quand il y a échange pour un billet d’une valeur supérieure.
Des facilités similaires existent sur Thalys et Lyria (bien vérifier les conditions auprès de la TMC), seul Eurostar rembourse en bons d’achat.

3. Quel trafic le 11 mai ?

TGV
15% des TGV vont rouler dès le 11 mai (contre 7% pendant le confinement). Puis 30% fin mai, 50 à 75% courant juin, et retour à la normale en juillet sauf « contre-ordre et si la demande est au rendez-vous ».
Tous les trains désormais en vente « sont garantis » et on peut déjà faire des réservations jusqu’au mois d’août.

Trains du quotidien
Les TER et les Transiliens reprendront à 50% le 11 mai puis à 75% fin mai et 100% courant juin.

Ouigo
Reprise très progressive avec montée en charge cet été.

4. Quel trafic à l’international ?

Les restrictions aux frontières avec les pays voisins sont maintenues jusqu’au 15 juin minimum. Attention aux contrôles à l’arrivée qui peuvent prendre un certain temps.
Eurostar
2 A/R par jour à partir de mi-mai.
Thalys
Jusqu’au 8 juin, 2 A/R par jour entre Bruxelles et Paris et entre Bruxelles et Amsterdam. Une montée en charge est prévue à partir du 9 juin avec par exemple 5 A/R entre Paris et Bruxelles.
Lyria
Jusqu’au 17 mai, 1 A/R entre Paris et Genève et 1 A/R entre Paris et Bâle. Puis reprise progressive.

5. Quels protocoles sanitaires ?

  • Un siège sur deux : pendant tout le mois de mai, seul un siège sur deux sera mis en vente pour les TGV, Lyria, Thalys et Eurostar (déjà effectif dans les systèmes de réservation). De nouvelles prises de position du gouvernement le 2 juin prochain pourraient faire évoluer la situation.
  • Le masque : obligatoire dans les trains et même dès l’entrée en gare. La police ferroviaire pourra verbaliser les contrevenants pour un montant de 135 euros. La SNCF ne fournit pas de masques sauf si un voyageur déchire ou casse le sien pendant le trajet. Les bars restant fermés, il est recommandé d’éviter de manger à bord car cela oblige à enlever le masque.
  • Bagages : les points de contact, dont les coffres à bagages, seront désinfectés plusieurs fois par jour mais il est recommandé de ranger son bagage à côté de soi, sur le siège vide.
  • Dans les gares : marquage au sol pour respecter la distanciation physique, nombreuses annonces sonores pour rappeler les bons gestes barrière, gel hydroalcoolique dans les principaux points d’entrée.

6. À quels tarifs ?

Olivier Pinna a assuré qu’il n’y aura pas de hausse des tarifs malgré la réduction de l’offre et le coût des mesures sanitaires pour la SNCF. « On prend un engagement clair sur ce sujet, on cherche à faire revenir les voyageurs dans nos trains, on a donc intérêt à les remplir avant de penser au panier moyen. L’objectif est de relancer la machine » (un TGV est rentable à partir de 60% de taux de remplissage).

Il conviendra toutefois de rester vigilant dans un deuxième temps car les comptes de la SNCF sont sous pression, cette dernière accusant un manque à gagner de 2 milliards d’euros jusqu’à fin avril due au Covid-19, qui s’ajoute au milliard d’euros de manque à gagner en raison des grèves de la réforme sur les retraites. Par ailleurs, l’éventuelle suppression de lignes domestiques d’Air France au profit du train (à la demande du gouvernement pour des raisons écologiques) pourrait laisser la SNCF en situation de monopole sur certaines liaisons (Paris/Bordeaux est clairement visé) et favoriser une hausse des tarifs.

Pour Antoine Delesalle, au-delà de la hausse des tarifs, c’est un changement de modèle qui se profile pour les acteurs du voyage d’affaires. « Les modèles en place sont des modèles à l’acte, à la réservation, donc très fragiles dans le cas d’une crise comme celle-ci. Le sujet n’est peut-être pas d’augmenter les prix mais surtout de sécuriser les revenus ».

Pour information, aux Etats-Unis, certains appellent déjà à ce changement, vers une sorte d’abonnement, comme il en existe dans de nombreux secteurs d’activité (tel le SaaS fee du logiciel appliqué au voyage). Nous en reparlerons bientôt dans ces colonnes.

7. Quid des cartes d’abonnement ?

Les cartes Liberté qui arrivent à échéance entre la mi-mars et le 31 juillet seront prolongées jusqu’au 31 août, sans aucune formalité technique ni administrative. Concrètement, le voyageur monte dans le train et le contrôleur fera de facto preuve de tolérance.
Pour les cartes Liberté qui arrivent à expiration plus tard, la SNCF réfléchit à des promotions ou des réductions pour une application dès la rentrée de septembre. On en saura plus très bientôt selon Olivier Pinna. Pour les autres cartes, type Avantages (jeunes, senior…), Week-End, même principe.

8. Quid des contrats corporate ?

Olivier Pinna a précisé que « tous les attributs et toutes les réductions prévus par ces contrats seraient bien sûr maintenus ». Il a ajouté « que pour les contrats grands comptes, on ferait preuve de bienveillance en prenant en considération la situation exceptionnelle pour la réalisation des objectifs communs qui avaient été fixés ».

9. Quelle politique d’achat ?

Antoine Delesalle conseille « de casser les habitudes et les codes. Avant, on analysait l’historique pour prévoir la suite mais on ne peut plus se contenter d’un audit de la data et des statistiques pour anticiper la reprise de l’activité, notamment quand il s’agit de souscrire des cartes d’abonnement auprès de la SNCF ou d’autres. Il va sans doute falloir privilégier d’autres méthodes, comme l’interview des voyageurs ou des Business Unit, pour mieux comprendre le besoin ».

10. Quelle politique voyages ?

Certaines entreprises font remonter le souhait exprimé par certains de leurs voyageurs d’utiliser, quand le temps de trajet le permet, la voiture personnelle ou de location plutôt que le train. Cela les rassure. « C’est une tendance, c’est vrai, mais je pense qu’elle est ponctuelle » selon Antoine Delesalle. Il convient toutefois dans cette période intermédiaire d’être plus souple sur l’application de la politique voyages et d’être à l’écoute des voyageurs.

Pour Aurélie Soulat, cette crise va avoir des « répercussions importantes sur les politiques voyages, en matière de sécurité, de duty of care et de RSE ». C’est en effet un grand chantier qui va s’ouvrir : « il faudra se pencher sur le sujet du non-voyage comme étant partie prenante de la politique voyages et de la forte progression de la visioconférence » selon Antoine Delesalle. Et surtout redéfinir précisément ce qu’est un voyage autorisé. Il y a du pain sur la planche, c’est l’ensemble de la chaîne de valeur qui va devoir modifier ses logiciels pour comprendre et appréhender ce marché des déplacements professionnels en plein bouleversement.

François-Xavier IZENIC,
Rédacteur associé de l’AFTM

Ferroviaire : comment gérer les déplacements après le confinement ?

À la veille de l’impérieuse date du 11 mai, comment vont s’organiser les voyages ferroviaires ? Quel sera le trafic ? Quelles seront les conditions sanitaires requises : masques obligatoires, un siège sur deux… ?

Au-delà de ces questions qui intéressent tous les voyageurs d’affaires, ce deuxième webinar (épisode 1 : l’aérien bientôt disponible en replay, épisode 2 : le ferroviaire, épisode 3 : les périmètres connexes aux déplacements professionnels) sera également l’occasion de s’intéresser aux conditions commerciales et envisager les adaptations nécessaires des politiques voyages et des stratégies achats des entreprises.
 

Rejoignez-nous
Le jeudi 7 mai à 10H30

Ayez le réflexe de l’Échange Garanti pour changer de train !

(1)L’échange est obligatoire pour l’accès au train. Les voyageurs n’ayant pas échangé leurs billets seront considérés comme sans billet valable et seront régularisés à bord sur la base des montants indiqués au Tarif Voyageurs. Les billets du jour au tarif Carte Liberté, abonnement Fréquence, Pro Seconde, Business Première, sont échangeables même sur un train complet sur l’application TGV INOUI PRO, Bornes Libre Service, et dans nos gares et boutiques. (2)Application disponible sur iPhone et Android pour tous les billets Pro. (3)Billet échangeable sans frais jusqu’à 30 minutes après départ. Billet remboursable sans frais jusqu’à 30 minutes après départ dans les gares et boutiques de la localité de départ. A partir de 30 minutes avant départ, le nombre d’échange est limité à 2 et les échanges sont restreints à un autre train du jour et pour un trajet comprenant le trajet initial. Les billets échangés à partir de 30 minutes avant le départ sont non remboursables.