Direct Travel vise l’Europe

Bientôt une nouvelle TMC en France ? L’ex-fondateur de Concur, qui veut transformer les voyages d’affaires, ne cache pas ses ambitions.

Steve Singh est une légende dans le voyage d’affaires. Il a non seulement révolutionné la gestion des notes de frais en co-fondant Concur, avec son frère et un ami, mais il a réussi l’exploit de vendre cette entreprise, à la croissance rapide certes mais non rentable (!), à SAP en 2014 pour la somme astronomique de 8,3 milliards de US$ dont 900 millions de dettes !  

Une opération qui reste à ce jour la plus importante réalisée par l’éditeur allemand de logiciels et qui avait rapporté le pactole aux trois compères ainsi qu’à un de leurs actionnaires, American Express Cartes, qui a raflé au passage près d’un milliard de US$ ! 

Le prochain Concur ?

Depuis lors, Steve Singh, à la tête d’un fonds de capital-risque, Madrona Ventures, est parti à la recherche du prochain Concur et, comme l’écrit le site Skift, « pense que les voyages d’affaires sont prêts désormais pour les nouvelles technologies et que l’entreprise idoine peut supplanter les historiques. »

Il n’est ni le premier ni le dernier sans doute à vouloir déboulonner les « dinosaures » du secteur et comme le disait un fameux duo comique : « Y en a qui ont essayé… ils ont eu des problèmes. » 

Sauf que Steve Singh n’est pas le premier venu et son rachat avec un groupe d’investisseurs de Direct Travel, une grosse TMC américaine, en dit long sur les ambitions du garçon. « Pour un prix conséquent » a-t-il dit à la presse sans en divulguer le montant. 

On peut en douter. Créée en 2011, Direct Travel est certes une belle TMC qui a réalisé 3,6 milliards de US$ de volume d’affaires en 2022 pour 300 millions de chiffre d’affaires, et qui compterait 4500 clients, principalement des PME parmi quelques grands comptes comme Paypal, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni.

Mais le Covid est passé par là alors qu’elle réalisait 5,8 milliards de US$ de volume d’affaires en 2019 et qu’elle annonçait le 15 janvier 2020, soit deux mois avant le déclenchement de la pandémie, sa plus importante opération de croissance externe en mettant le grappin sur Professional Travel, une TMC de près de 450 millions de volume d’affaires. Patatras ! Après une restructuration de sa dette, Direct Travel est alors passée dans les mains de ses prêteurs selon le site The Company Dime.

Une proie de choix

La TMC constituait donc une proie de choix pour un chasseur comme Steve Singh et l’un des derniers étages d’une fusée qu’il construit patiemment depuis 2018. Avec le même groupe de business angels, il a en effet déjà investi dans les startups Spotnana, Troop et Center. Steve Singh est désormais le président exécutif de ces quatre entreprises, et Madrona Ventures en est le principal investisseur. 

Spotnana ? L’œil de l‘AFTM en avait parlé en décembre dernier, il s’agit d’une plateforme de gestion et de réservation d’un genre nouveau, globale, ouverte, basée sur le cloud, qui facilite l’expérience utilisateur. Elle a levé 100 millions de US$ depuis sa création.

Troop ? Ayant levé près de 20 millions de US$, c’est une plateforme MICE qui aide les entreprises à planifier, réserver et gérer ses réunions, « un segment de marché très mal servi » pour Steve Singh. 

Center ? Cette plateforme de gestion des dépenses et de notes de frais a déjà levé 140 millions de US$.

L’objectif ? Selon Skift, « mettre à la disposition des clients de Direct Travel une plateforme qui intègre les technologies et les services de ces quatre entreprises. » Et de préciser : « Chacune d’elles continuera à fonctionner de manière indépendante. »

L’ambition ? D’après les propos de Steve Singh rapportés par Business Travel News : «Nous allons nous développer à la fois en Amérique du Nord et dans d’autres zones géographiques, comme l’Union européenne. » La France, gros marché de l’UE du voyage d’affaires, devrait logiquement entrer dans le spectre. 

Le « voyage parfait »

La vision ? « Le marché attend vraiment une transformation. La réalité est que ce secteur fonctionne avec des piles technologiques héritées, des informations cloisonnées, des expériences discontinues » a-t-il déclaré devant la presse. 

« L’écosystème actuel du voyage d’affaires est simple à résumer, détaille-t-il dans un article passionnant de son blog, les données sont fragmentées. Il y a beaucoup d’inefficacités entre l’acheteur de voyage et le fournisseur de services de voyage. L’expérience est rarement cohérente ou intégrée de manière transparente. Si les données relatives aux clients sont souvent utilisées à des fins de marketing, elles le sont rarement pour offrir une expérience agréable. Les plateformes technologiques sont largement fermées, de sorte que l’innovation d’une entreprise s’ajoute rarement à celle d’une autre entreprise. »

Une vision qui doit aboutir au « voyage parfait » tel qu’il l’avait déjà imaginé du temps de Concur. Reste néanmoins une pile technologique, le dernier étage de la fusée : le contenu hôtelier. « Les systèmes dominants datent de plusieurs décennies et ne permettent pas d’offrir la flexibilité ou la gamme de services nécessaires sur le marché. (…) La personnalisation est inexistante dans l’écosystème hôtelier » cingle-t-il.

Voilà qui promet des investissements à venir et à surveiller de près ! Un épisode qui démontre en tous cas que la consolidation des TMC accélère par à-coups depuis quelques années. Hier, à quelques jours d’intervalle, Amex GBT rachetait Egencia et Navan, Reed & Mackay. Aujourd’hui, GBT met la main sur CWT et presque simultanément Steve Singh sur Direct Travel. Et ce n’est sans doute pas fini. 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Amex GBT/CWT : un deal en questions

Le projet de fusion des deux leaders historiques du marché suscite bien des interrogations et réserve encore de nombreuses surprises. 

A qui profite le deal ?

C’est une opération qui bénéficiera d’abord aux actionnaires… des deux sociétés. Rappelons les chiffres : le numéro 1 du secteur rachète le numéro 3 (derrière BCD) pour 570 millions de US$ dont 300 millions de dettes si l’on se base sur les chiffres donnés par CWT lors de la dernière restructuration financière de novembre 2023. 

Amex GBT financera l’opération à hauteur de 430 millions de US$ en émettant de nouvelles actions. Les 140 millions restants seront réglés avec les liquidités dont elle dispose. Une aubaine pour le leader de la distribution des voyages d’affaires : à petit prix, il met la main sur son concurrent historique et son portefeuille de 4000 clients en ne sortant que très peu de cash et en évitant d’emprunter au moment où les taux d’intérêt sont élevés.

Pour les actionnaires de CWT, c’est aussi une bonne affaire. Ces derniers, des fonds d’investissement principalement, se retrouveront à l’issue de la fusion avec 13% du capital d’une société dotée de fondamentaux financiers bien plus solides.

Cerise sur le gâteau : la fusion devrait générer d’ici trois ans 155 millions de US$ de synergies, une bonne perspective pour le cours de l’action. 

Amex GBT sauve-t-elle CWT ?

Dans son article du 21 février dernier, l’excellent site The Company Dime révélait que l’agence de notation S&P Global pointait en décembre que CWT disposait « de liquidités moins qu’insuffisantes », même après l’échange de dettes annoncé en novembre. Elle écrivait alors : « La liquidité reste faible et l’effet de levier est élevé, (…), par conséquent nous considérons que la structure du capital de l’entreprise n’est pas viable. »

En clair, faute de revenus suffisants, une entreprise à fort effet de levier risque non seulement d’accuser des retards de paiement à l’égard de sa dette mais aussi de se trouver dans l’incapacité d’emprunter des fonds supplémentaires pour la payer et assurer sa survie. 

Or, si CWT va mieux (les équipes, françaises notamment, ont réussi le tour de force dans un contexte difficile à retenir de nombreux comptes et à en gagner d’autres), elle va toutefois moins bien que ne l’escomptait le business plan déposé lors de la mise sous Chapter 11 en novembre 2021. 

Celui-ci prévoyait alors pour 2024 un volume d’affaires de 16 milliards de US$ pour un EBITDA (bénéfice d’exploitation) de 253 millions. On en est encore loin si l’on en croit les chiffres donnés par le communiqué de presse annonçant le deal qui évoque pour CWT en 2024 un volume d’affaires de 14 milliards de US$ et un EBITDA de 70 à 80 millions. 

Il y avait donc bien une urgence financière pour CWT, qui explique aussi le faible prix déboursé par Amex GBT (qui avait acheté Egencia, bien moins gros, pour 750 millions de US$ en novembre 2021). Morgann Lesné, associé chez Cambon Partners, spécialiste des fusions-acquisitions, confirmait il y a quelques jours dans un article de BTN que ce prix « mettait en lumière les menaces réelles qui pesaient au-dessus de CWT si la société restait seule ». 

Un rachat offensif ou défensif ?

La question est centrale concernant les grandes TMC. Pour l’ancien patron d’American Airlines devenu consultant, Cory Garner, la réponse ne fait aucun doute. Dans un post Linkedin décapant, il écrit qu’Amex GBT « acquiert une plus grande part d’un gâteau qui se rétrécit. »

Les chiffres semblent lui donner raison. En 2019, Amex GBT seule réalisait un volume d’affaires de 35 milliards de US$, et Egencia de son côté 8,3 milliards. Selon les résultats publiés par la première le 5 mars dernier, les deux réunies ont affiché un VA en 2023 de 28 milliards, soit une baisse de plus de 35%, malgré une inflation record qui a gonflé les volumes de toutes les TMC. 

De son côté, CWT réalisait un VA de 23,1 milliards en 2019 contre une prévision de 14 milliards en 2024, soit une baisse de près de 40%. 

Attention, ces chiffres ne disent rien de la rentabilité de l’activité. Amex GBT, par exemple, a dégagé en 2023 une marge opérationnelle de 17%, soit un bon voire un très bon résultat dans un business de TMC à faible rentabilité.

Indéniablement, depuis le Covid et le boom des visioconférences le gâteau rétrécit… sur le marché des grands comptes, cible naturelle de ces TMC globales, d’où leur offensive à l’égard des PME ces trois dernières années afin de compenser le manque à gagner. 

Scott Gillespie, consultant bien connu de l’œil de l’AFTM, pointe un autre risque dans Business Travel Mag, le changement climatique qui « pourrait accélérer les objectifs de réduction des émissions des entreprises ». Et d’expliquer : « Les volumes de transactions aériennes diminueraient alors considérablement en Europe et en Amérique du Nord. L’ampleur de ce risque apparaîtra plus clairement à mesure que nous nous rapprocherons de 2030. »

Amex GBT achète-t-elle du volume ?

Plus que tout autre marché, les voyages d’affaires constituent un jeu de volume. La taille est le seul moyen de réaliser des économies d’échelle et de dégager une rentabilité dans un secteur à faibles marges. 

Mais on vient de le voir, les volumes ont fortement baissé et le réchauffement climatique fait peser sur l’activité une menace potentielle. 

Compte tenu du modèle économique actuel des TMC (grosso modo 50% de revenus clients via des transaction fees et 50% de revenus fournisseurs par le biais des commissions et des incentives), l’effet ciseaux pourrait être redoutable. D’autant que, comme le répète Cory Garner, les stratégies de distribution des compagnies aériennes et notamment NDC fragilisent une partie des revenus fournisseurs des TMC. 

Oui, Amex GBT achète du volume. Oui, Amex GBT sera, de fait, renforcé dans ses négociations fournisseurs. Mais le paradigme du marché est en train de changer. Ce qui était vrai hier l’est beaucoup moins aujourd’hui. Même en termes de volume, le rachat de CWT apparaît donc plus défensif qu’offensif. 

Quelles implications pour les OBT ?

C’est l’un des points les plus intéressants de cette opération. Amex GBT s’appuie sur des systèmes de réservation en ligne (OBT) propriétaires comme KDS (devenu Neo) et Egencia, qu’elle favorise de plus en plus mais sans exclusive (elle est ainsi le principal revendeur de Concur aux Etats-Unis). Alors que CWT se dit agnostique, revendant l’ensemble des OBT du marché. 

Dans ce contexte, les clients de CWT devront-ils basculer sur KDS et Egencia ? Depuis quelques années, Amex GBT ne se cache plus et souhaite amener ses clients à utiliser ses propres technologies, et réserve par ailleurs les derniers développements de KDS (notamment pour NDC) à ses clients en priorité. 

Comme le notait The Company Dime, Paul Abbott, le Pdg d’Amex GBT, se félicitait lors d’une conférence téléphonique en septembre dernier que le volume des transactions sur ses plateformes propriétaires KDS et Egencia avait augmenté de 13% au troisième trimestre 2023 contre 7% pour l’ensemble des transactions. 

Il faudra aussi observer avec attention la réaction de SAP-Concur dont l’OBT est aux Etats-Unis le leader incontesté, et de loin. Dans le même article de The Company Dime, le journaliste Jay Campbell révélait un scoop : SAP a envisagé d’acheter CWT en début d’année mais a finalement décidé de s’abstenir.

Est-ce reculer pour mieux sauter ? Toujours selon Cory Garner, SAP pourrait considérer l’opération GBT/CWT, et plus largement le développement des OBT propriétaires, comme une menace stratégique à long terme pour sa position sur le marché. Et se pencher à nouveau sur l’éventualité d’un rachat d’une TMC, qui sait ?

Ça change quoi pour les clients ?

A très court terme, rien. Le temps que l’opération financière se fasse et que les autorités de régulation donnent leur aval aux Etats-Unis et en Europe. Mais après, c’est une autre histoire.

La plus grande incertitude concerne les difficultés d’intégration qui promettent de vrais casse-têtes pour fusionner les opérations, les systèmes d’information et les cultures très différentes des deux sociétés. Des complications inévitables qui pourraient provoquer des perturbations pour les clients de GBT et de CWT.

Quant aux clients de CWT qui l’ont choisi précisément pour éviter Amex GBT, comment vont-ils réagir ? Une chose est sûre : les équipes françaises des deux sociétés, qui sortent pour l’une d’une fusion encore à digérer avec Egencia, et pour l’autre d’un Chapter 11 et d’une restructuration douloureuse, vont avoir encore du pain sur la planche… Courage à elles ! 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Spotnana, vous allez en entendre parler

Le nouveau trublion du voyage d’affaires, lancé en 2020, commence à se faire un nom auprès des grands comptes. 

Le bonhomme est doté d’un sacré caractère. Sarosh Waghmar, fondateur de Spotnana, quitte l’Inde en 1994 pour les Etats-Unis grâce à une bourse d’études en informatique à l’université du Texas comme il le racontait dans un entretien à Business Travel News en 2018. 

Il créé sa première entreprise mais l’explosion de la bulle internet en 2001 provoque sa faillite et au même moment son appartement est ravagé par un incendie. Obligé de dormir dans sa voiture, presque sans le sou, il hésite à revenir en Inde. 

Se rappelant qu’il était devenu un grand voyageur lors de son premier job chez Deloitte, jonglant mieux que personne avec les miles, il a l’idée de proposer ses services pour aider les salariés à optimiser leurs programmes de fidélisation. Il remonte la pente et met le doigt dans l’industrie du voyage d’affaires, qu’il ne quittera plus. 

Puis il créé un logiciel de réservations qui devient une TMC à part entière, du nom de WTMC. En 2016, cette dernière met au point le « premier tuyau NDC au monde » avec American Airlines. « C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que l’avenir du voyage d’affaires se trouvait dans la plomberie », explique-t-il dans Phocuswire

Son constat : trop ancienne, la plomberie qui alimente l’industrie entrave l’efficacité du système, au détriment du client. « Tout, de la couche GDS au mid-office, est très fragmenté avec de multiples parties prenantes ayant des motivations et des incitations trop diverses et parfois opposées ». 

Ni une ni deux, il bazarde tout, recommence à zéro, et lance en 2020 Spotnana en réussissant à lever 34 millions de dollars. Il s’entoure des meilleurs dont Johnny Thorsen, l’un des spécialistes mondiaux les plus reconnus de la techno dans le voyage d’affaires, et Bill Brindle, ancien patron des opérations chez Amex GBT. Et surtout, Steve Singh, co-fondateur de Concur, véritable icône de l’industrie, devient président du conseil d’administration. Bref, que du très lourd.

L’idée ? Construire une plateforme de gestion des voyages qui agit à la fois comme TMC ou comme une marque blanche en mettant sa technologie à disposition d’autres TMC ou d’autres acteurs. C’est sa première originalité : être une plateforme ouverte à tout le monde. « Les voyages d’affaires ont été bâtis sur des modèles d’entreprises très fermés, chacun construisant des choses pour lui-même et essayant ensuite de les intégrer à des tiers ». 

Le modèle économique ? Simple, un fee à l’utilisation, pas de frais initiaux ni de minimum, « je paye ce que je consomme ». 

Deuxième atout : la plateforme, globale et entièrement intégrée, est connectée directement avec les compagnies aériennes et tous les autres fournisseurs utiles pour le voyage lui-même et la gestion du voyage. L’ensemble n’est pas édifié sur une pile technologique existante et facilite l’expérience utilisateur. 

Troisième particularité : basée sur le cloud, la plateforme peut ainsi être déployée facilement et rapidement, en quelques semaines, à des dizaines de milliers de salariés répartis dans des dizaines de sites dans le monde. « Il s’agit là d’un changement massif de la structure des coûts pour le client », affirmait Steve Singh, dans un article de Skift.

C’est là aussi où Spotnana se démarque des autres nouveaux acteurs tels Navan (ex-TripActions) ou Travel Perk, elle s’adresse peut-être d’abord à des grands comptes dont la présence est mondiale plutôt qu’aux PME. Et début novembre, comme le rapporte The Company Dime, elle a annoncé avoir attiré une énorme prise dans ses filets, le géant de la distribution Walmart, première entreprise du monde en termes de chiffre d’affaires, plus de 600 milliards de dollars, qui vient s’ajouter à d’autres clients prestigieux, tels Amazon. Excusez du peu. 

Spotnana et Walmart ont ainsi lancé un projet pilote, d’abord déployé aux Etats-Unis, afin de pouvoir utiliser la norme NDC des compagnies aériennes. Theresa Gehler, directrice monde des achats voyages de Walmart, affirme que « la valeur ajoutée » est déjà évidente. Elle est particulièrement enthousiaste sur le potentiel des offres forfaitisées qu’autorise NDC et sur les capacités de libre-service de la plateforme qui permettent aux voyageurs d’effectuer eux-mêmes des changements et des modifications de billets au sein des canaux approuvés par l’entreprise.

Cette initiative intervient quelques mois après l’annonce d’un partenariat stratégique entre Spotnana (200 salariés désormais) et CWT, accord dont on ne sait pas encore grand-chose, sinon qu’il associe la technologie du premier avec les services globaux de la deuxième. Une chose est sûre : certaines entreprises souhaitent utiliser Spotnana tout en conservant leur TMC. C’est peut-être à cette aune qu’il faut interpréter ce partenariat. 

L’Europe intéresse-t-elle Spotnana ? Assurément et CWT pourrait à l’avenir lui servir de cheval de Troie. En attendant, elle vient d’intégrer Trainline qui lui permet d’élargir considérablement son contenu ferroviaire européen. Et on a appris récemment, via le site The Beat que Lufthansa, la compagnie pionnière sur NDC, avait pris une participation dans l’entreprise lors d’une deuxième levée de fonds de 75 millions de dollars en juillet 2022. Sans doute pas un hasard…

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Le transaction fee fait de la résistance

Le modèle de rémunération des TMC fondé sur le transaction fee, que l’après-Covid devait mettre au placard, reste la norme, et de loin. La seule faute aux clients ?

Il devait disparaître corps et biens. Après avoir étalé toutes ses limites pendant la pandémie et fait plonger dangereusement les TMC, le transaction fee aurait pu (dû ?) laisser la place à un autre modèle de rémunération plus solide pour les agences de voyages et plus juste dans le partage des risques. Il n’en a rien été. Dans des propos rapportés par Business Travel News, John Snyder, le Pdg de BCD Travel, ne cache pas déception et parle de « sa plus grande frustration depuis le début du Covid ». 

Il esquisse même le début d’une autocritique en ajoutant : « J’ai d’énormes regrets que nous n’ayons pas poussé plus fort, nous avons pourtant poussé assez fort mais les clients nous ont refoulé ». L’échec est patent, il reconnait l’incapacité des TMC à convaincre les entreprises d’adopter un autre modèle tel que l’abonnement. « Tout le monde s’y convertit dans sa vie personnelle, Netflix, Amazon…, la tarification par abonnement contrôle le monde mais nous n’arrivons pas à sortir de cette mentalité de la transaction ». 

Interrogé par le journaliste Michael B. Baker, le vice-président en charge des finances de CWT, Brady Jensen, est plus nuancé : « Lors de certains appels d’offres, nous avons parfois constaté un changement, avec des entreprises qui se renseignent sur les modèles autres que le transaction fee ». 

Selon John Snyder, il incombe en partie aux consultants de convaincre les entreprises de la nécessité de changer. Brady Jensen a en effet noté que les appels d’offres qui étaient ouverts à différents modèles de rémunération avaient tendance à être accompagnés sinon dirigés par des consultants. Problème : ces derniers rejettent la faute sur les TMC ! Caroline Strachan, directrice associée de Festive Road, a ainsi déclaré « qu’elle avait demandé aux TMC des prix créatifs lors de chaque appel d’offres lancé depuis le début de la pandémie. La plupart du temps, l’entreprise n’a pas obtenu de réponse à sa demande ».

Les TMC ne seraient donc pas prêtes à changer de modèle ? C’est la thèse défendue par une autre consultante, Bex Deadman : « Elles ont construit tout un système complexe sur la base des modèles commerciaux actuels et certains de leurs fournisseurs sont encore rémunérés à la transaction ». 

Comme l’écrit l’auteur de l’article, « si les modèles non fondés sur la transaction sont logiques sur le papier pour les TMC, leur mise en œuvre effective est un processus plus compliqué ». En clair, pour convaincre leurs clients, les TMC vont devoir changer d’état d’esprit, former en interne et faire preuve d’innovation. Face à des clients confortablement installés dans un système à la transaction et réticents à l’idée d’un plus juste partage des risques, la tâche s’annonce décidément ardue. 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

CWT déploie la réservation de train ainsi que la location de voiture sur sa plateforme myCWT et fait le point sur la NDC

Nouvelles fonctionnalités clés : Réservation de train et de location de voiture sur la plateforme myCWT

Comme annoncé au mois de février, CWT commence à déployer les fonctionnalités concernant la réservation de location de voiture et de train via ses canaux mobiles et Web sur sa plateforme myCWT.

Ces nouvelles fonctionnalités seront étendues aux marchés du monde entier, offrant aux voyageurs plus d’options pour effectuer et gérer leurs réservations de manière identique depuis tous les canaux.

Ces améliorations sont l’un des résultats de l’investissement stratégique dans sa plateforme de gestion de voyages myCWT.

Les voyageurs pourront réserver leur voiture de location via l’application mobile myCWT (sur iOS et Android) et le portail web. Les utilisateurs de MyCWT auront accès aux tarifs négociés et aux fournisseurs privilégiés de leur entreprise. Ils pourront facilement rechercher des lieux de prise en charge et de dépose. Les programmes de fidélité des loueurs de voiture seront également intégrés.

En ce qui concerne le contenu ferroviaire, le partenariat de CWT avec la plate-forme européenne Trainline Partner Solutions, va permettre d’intégrer les fonctions de réservation à MyCWT via une API. Cette avancée rendra possible la réservation, l’accès aux tarifs et aux réductions négociés par les entreprises, ainsi que des fonctionnalités de préférence de siège. Ce contenu ferroviaire, disponible au Royaume-Uni depuis le mois de juillet sera étendu aux autres marchés européens dans les mois à venir ; il sera suivi de la mise à disposition des fonctionnalités liées à l’après-vente.

CWT a également introduit des éléments de durabilité dans ces offres. Pour les réservations de voitures, MyCWT disposera d’indicateurs qui mettront en évidence les options de location de véhicules électriques et hybrides, et CWT ajoutera des estimations d’émissions de carbone pour les réservations de voitures et de trains.

Avancées CWT sur la NDC

La NDC (New Distribution Capabilities), nouvelle norme d’échange de données entre les compagnies aériennes et les partenaires de distribution est basée sur une technologie moderne (XML). Elle donne aux compagnies aériennes la possibilité de fournir un contenu plus riche, plus personnalisé et plus dynamique.

CWT a franchi une nouvelle étape pour faire de l’adoption de la NDC une réalité avec un programme qui permet, via ses partenaires technologiques, d’effectuer des réservations NDC pour des clients pilotes. CWT commence par la réservation du contenu NDC disponible au sein de la plateforme Amadeus sur Air France et Singapore Airlines

Quels sont les avantages ?

Au-delà des tarifs négociés par les entreprises, il est maintenant possible de réserver un contenu uniquement lié au programme NDC des compagnies. Pour Singapore Airlines, une gamme de tarifs plus large est maintenant disponible, tandis que des options supplémentaires comme le choix des sièges et des bagages supplémentaires seront ajoutées au programme. Pour Air France-KLM, les clients CWT peuvent accéder aux offres tarifaires continues de ces compagnies. Des offres de « siège préféré » et des options « carburant d’aviation durable » seront introduites dans un avenir proche.
CWT propose à ses clients de continuer à travailler en étroite collaboration avec les compagnies aériennes pour évaluer leur offre actuelle sur la NDC et la comptabilité de ce nouveau contenu avec leur politique voyage.

Conseils sur la NDC aux gestionnaires de voyages :

  • Restez informés car chaque compagnie aérienne évolue à son propre rythme.

  • Accordez une attention particulière aux plans NDC de vos principaux partenaires aériens en incluant les attentes de vos voyageurs et vos destinations fréquentes

  • Recherchez les compagnies aériennes qui sont précurseurs sur le sujet, surtout lorsqu’elles fournissent un contenu à valeur ajoutée pour vos voyageurs

Restez informés des évolutions et des avancées de CWT concernant la NDC sur notre site internet

Les limites de l’automatisation

Automatiser l’ensemble du process de réservation, jusqu’à l’annulation et l’échange de billets : facile à dire, beaucoup plus difficile à faire. 

C’est l’un des sujets phares du moment. Avec le Covid et le chaos dans le transport aérien, les échanges et annulations de billets d’avion par les voyageurs d’affaires se sont multipliés. Avant la pandémie, cela concernait 1 billet sur 5, aujourd’hui cela toucherait entre le tiers et la moitié des transactions, rapporte dans un excellent article le site The Company Dime

Encore peu ou pas automatisés, l’échange et l’annulation de billets nécessitent la plupart du temps une intervention humaine. Or la pénurie de personnel qui affecte les TMC crée des situations intenables et dégrade sérieusement la qualité du service. Que faire ? La solution passe par l’automatisation mais ce n’est pas si simple. « Il y a aujourd’hui très peu d’outils numériques qui sont efficaces pour permettre des changements de voyages et d’itinéraires » déclarait récemment Nick Vournakis, vice-président exécutif de CWT, au site Skift. La TMC vient toutefois d’annoncer que le voyageur peut désormais, sur sa nouvelle application myCWT et sur les canaux web, modifier ou annuler un trajet en étant informé des modalités comme le surcoût. Si l’information se vérifie (il convient d’abord de tester l’outil), CWT aurait pris un petit temps d’avance sur ses principaux concurrents. 

Comme l’explique en effet David Reimer, vice-président d’Amex GBT pour les clients internationaux et directeur général pour les Amériques, « chaque compagnie aérienne gère son inventaire avec des processus légèrement différents et si vous souhaiter l’automatiser, vous devez probablement le faire un par un, par transporteur. On va y arriver bientôt mais jamais totalement, sans doute à 70-80%, car une partie devra toujours se régler offline, au téléphone ». 

Jean-Christophe Taunay-Bucalo, le directeur commercial de la TMC TravelPerk, confirme : « Nous avons automatisé la plupart des annulations avec l’ensemble des fournisseurs, compagnies aériennes, ferroviaires et même hôtelières. En revanche, les processus de modification et d’échange sont beaucoup plus compliqués en raison des différents types d’inventaire et des connexions nécessaires, mais nous devrions être à plus de 50% d’automatisation d’ici la fin de l’année ». 

John Sturino, vice-président des produits de la division Egencia d’Amex GBT, pointe également les règles commerciales des compagnies aériennes qui changent tout le temps. 

Pour David Reimer, l’explication est aussi plus globale, « avec un nombre de variables dans les voyages et une infrastructure technologique énorme qui posent de vrais défis ». Avant d’ajouter : « L’intelligence artificielle peut faire beaucoup pour nous aider ». Et de conclure : « En tant qu’industrie, nous devons faire mieux, c’est certain ». 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

CWT : que vaut son nouvel abonnement ?

La TMC vient de lancer un nouveau modèle de tarification par abonnement après l’avoir expérimenté pendant un an avec des clients pilotes. 

On peut prendre le problème par tous les bouts, la conclusion sera toujours la même : avec un modèle de tarification basé sur les frais de transaction, le risque pèse trop lourdement sur la TMC. Comme l’a illustré le Covid, en cas de perturbation exceptionnelle, les revenus disparaissent et les TMC sont contraintes de licencier rapidement et massivement pour éviter des pertes financières catastrophiques.

Pour mieux répartir le risque, CWT a donc imaginé un abonnement, soit un tarif mensuel qui couvre tous les produits et services fournis par la TMC, en fonction du volume de transaction prévu, comme le rapporte Business Travel News. Ce tarif mensuel peut être révisé à la hausse ou à la baisse si l’entreprise a besoin d’ajouter ou de soustraire des services, ou d’ajuster les prévisions de volume. 

Cité par The Company Dime, Brady Jensen, vice-président finances et responsable de la tarification mondiale de CWT, met en avant la simplification du système : « Ce nouveau modèle de facturation n’émet qu’une seule facture mensuelle simple et complète, au lieu de plusieurs, ce qui facilite considérablement le suivi et la gestion des dépenses ». Autre avantage selon Brady Jensen : « Les clients pourraient faire des économies grâce à des remises sur le volume que l’on ne trouve pas habituellement dans le modèle courant des frais de transaction ». 

Interrogés par The Company Dime, les consultants Will Tate et Andrew Menkes confirment qu’une telle simplification pourrait bien séduire les petites et moyennes entreprises. « Le modèle semble être idéal pour toutes les organisations qui ont des ressources internes limitées pour gérer les voyages et qui sont relativement satisfaites des niveaux de service qu’elles obtiennent ». 

Ils sont en revanche plus réservés pour les grands comptes : « Ce que les clients peuvent gagner en simplification grâce à une approche groupée, ils le perdent en transparence ». Avec d’abord une première interrogation : dès lors qu’il n’y a plus de facturation automatique au centre de coûts du voyageur, comment l’entreprise peut-elle répartir le coût entre les services ? 

Mais surtout, ce sont les revenus fournisseurs qui sont dans leur viseur. Car les TMC tirent de leurs fournisseurs une partie importante de leurs revenus : CWT avait estimé en 2021 que ces derniers représenteraient 40% de ses revenus en 2022. « Si la nouvelle tarification tient compte du coût du service pour le client et des revenus générés par les fournisseurs, alors le modèle d’abonnement pourrait fonctionner à condition bien sûr qu’il y ait transparence ». Mais est-ce le cas ?

C’est un point sensible car dans le système traditionnel à la transaction, certains clients négocient avec la TMC le retour d’une partie ou de la totalité des commissions reçues par cette dernière. C’est le cas notamment quand l’entreprise négocie directement ses contrats avec les fournisseurs aériens notamment.

Brady Jensen a reconnu dans Business Travel News que la nouvelle tarification « ne convient pas parfaitement à tous les clients ». Mais il faut aussi prendre garde à la distinction américaine entre grands comptes et PME qui n’est pas tout à fait la même qu’en Europe et en France. Parmi les entreprises pilotes, on trouve en effet ServiceNow, une société mondiale de logiciels comprenant 19200 salariés (tout de même !), qui par l’intermédiaire de sa directrice voyages s’est dit satisfaite de cette tarification à l’abonnement. 

Il convient aussi de préciser que ce nouveau système n’a aucun caractère obligatoire. CWT le propose et c’est l’entreprise qui décide. Le chemin s’annonce donc encore long pour un changement de modèle économique d’autant que les entreprises n’y semblent pas encore particulièrement disposées. Selon une étude menée par The Beat, une publication du groupe BTN, plus de 80% des acheteurs rémunèrent leur TMC à la transaction. On part de loin. 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Aidez vos voyageurs à faire des choix de voyages plus durables

Votre entreprise a-t-elle les bons outils pour calculer, réduire ou compenser son empreinte carbone ?

Les TMC sont des partenaires essentiels pour aider vos voyageurs à faire des choix responsables et ainsi contribuer à atteindre vos objectifs d’entreprise en matière de RSE.

La démarche globale et l’engagement écoresponsable de longue date de CWT s’articule autour de trois grands piliers :

1er pilier, l’ADN responsable de CWT :

CWT, reconnue pour ses performances en matière de responsabilité sociale, a reçu le statut Platinium en 2021 pour la deuxième année consécutive, se classant ainsi parmi les 1% des entreprises les plus responsables évaluées par EcoVadis dans le monde. Signataire de l’UNGC (United Nations Global Compact) depuis 2012, CWT s’engage à soutenir les dix principes du Pacte mondial des Nations Unies concernant les droits de l’Homme, le travail, l’environnement et la lutte contre la corruption. Pour la 4ème année consécutive, notre rapport annuel RSE a reçu le niveau « Advanced » délivré par les Nations Unies.

2ème pilier : Réduire, Calculer, Compenser

CWT a annoncé le 28 mars 2022 un nouveau partenariat avec Thrust Carbon, expert reconnu dans le calcul des émissions Co2 et dans la démarche de compensation. Nous avons récemment communiqué sur l’intégration de nouveaux indicateurs d’émission carbone sur notre plateforme myCWT au global. Ces indicateurs fournissent des données sur l’empreinte carbone au moment de la réservation d’un trajet ou d’un séjour dans un hôtel, permettant ainsi aux voyageurs de faire des choix plus responsables et sans frais supplémentaires.

CWT contribue à l’éducation de vos voyageurs et se positionne comme acteur à part entière du changement.

Ces données vont être intégrées de manière progressive d’ici la fin de l’année dans notre plateforme de reporting. Ces informations vont vous permettre d’évaluer finement vos consommations et d’agir en conséquence lors de vos négociations.

CWT signe à titre personnel des accords de compensation comme dernièrement avec la compagnie aérienne Etihad en janvier 2022.  CWT a l’ambition en 2023 d’identifier et de proposer à ses clients des partenaires pour la compensation des émissions Co2.

3ème pilier : Un conseil responsable, modulable et personnalisé

CWT innove également au travers de son approche pour accompagner de manière modulable les organisations dans leur démarche responsable. Notre offre de conseil ECO (Employee Wellbeing, Climate Impact and Organizational Performance) couvre le bien être des employés, le climat en mettant en œuvre des actions ciblés pour minimiser l’impact Co2, mais également vous permettre de trouver de nouvelles opportunités de performance et d’optimisation de vos coûts.

CWT : la recapitalisation validée

Comme attendu et tel que nous l’avions expliqué dans un précédent article, la justice américaine a approuvé vendredi le plan de recapitalisation présenté par CWT.

Moins de 24 heures sous Chapter 11 : on ne doit pas être loin d’un record ! Après y être entrée officiellement le 11 novembre (et non le 7 novembre comme il était prévu), CWT en est ressortie le 12 à 14h30 heure locale à l’issue d’une audience de quelques heures. 

Le juge du tribunal des faillites du district sud du Texas, l’expérimenté Marvin Isgur, a ainsi justifié sa célérité dans des propos rapportés par The Company Dime : « C’était nécessaire d’aller vite étant donné la dimension internationale de l’entreprise et de l’industrie dans laquelle évolue CWT. La probabilité d’un préjudice important pour l’entreprise était élevée si nous n’agissions pas rapidement. »

Joint au téléphone, Stéphane Birochau, vice-président, head of customer management EMEA de CWT, ne cache pas sa satisfaction : « On n’avait pas trop de doutes sur le verdict car on arrivait avec un dossier solide, plus de 90% des créanciers étaient en phase avec l’accord. » 

Aux termes de cette restructuration financière, CWT efface la moitié de sa dette de 1,5 milliard de US$ grâce à l’émission de nouvelles actions et se voit dotée de 350 millions de US$ de capitaux propres supplémentaires. Un énorme ballon d’oxygène pour la TMC qui avait connu, selon les documents déposés auprès du tribunal, une chute brutale de ses revenus, à cause du Covid, de 57% entre février et mars 2020 et de 66% sur l’année complète par rapport à 2019.

Rassurée, la TMC a, dès la fin de l’audience, annoncé un investissement technologique de 100 millions de US$ dans sa plateforme de gestion des voyages myCWT. Une communication sans doute aussi destinée à montrer au marché qu’elle regardait désormais de l’avant. 

La suite de la procédure ? Elle devrait s’achever administrativement vendredi prochain 19 novembre selon l’avocate Alexandra Schwarzman, associée au cabinet Kirkland & Ellis qui a accompagné CWT dans cet accord. Ce n’est qu’à cette date qu’on connaîtra la nouvelle composition de l’actionnariat de la TMC. Une chose est sûre : la famille Carlson deviendra minoritaire, mais il n’y aura vraisemblablement pas d’actionnaire majoritaire, plutôt un pool mené par Barings et MacKay Shields, deux sociétés de gestion de portefeuilles.

Reste maintenant à espérer que la reprise, comme pour l’ensemble des TMC, soit au rendez-vous. Les documents déposés au tribunal du Texas, consultés par The Company Dime, montrent une certaine prudence des prévisions d’activité de CWT. Après avoir réalisé un volume d’affaires de 23,1 milliards de US$ en 2019, elle s’attend à 9,3 milliards en 2022, 13,3 milliards en 2023 et 16 milliards en 2024 (soit 70% du volume de 2019). Elle prévoit par ailleurs un EBITDA (bénéfice d’exploitation) qui redevient positif en 2023, à 122 millions, puis 253 millions en 2024. 

Les informations communiquées par CWT au tribunal décrivent aussi les facteurs de risque de son activité, qui peuvent s’appliquer à l’ensemble des TMC. Sont principalement cités « le marché très concurrentiel des agences de voyages d’affaires » ainsi que les « risques liés aux revenus des fournisseurs et des GDS. » Le document fait ainsi une allusion explicite à NDC : « Les agences doivent faire face aux efforts constants des fournisseurs pour réduire les commissions d’une part, ou pour compliquer la distribution basée sur les GDS d’autre part, par le biais de surcharges, de retrait de contenu et d’incitations des voyageurs à réserver en direct. » 

Quoiqu’il en soit, en France, l’optimisme est de mise. Stéphane Birochau révèle ainsi que « le marché français est, avec son homologue danois, celui où la reprise est la plus dynamique, avec des niveaux équivalents à 60 à 65% de ceux de 2019 ». Pas suffisant pour remettre tous les salariés de la TMC à temps plein (60% d’entre eux seraient encore à temps partiel), mais c’est un bon début !

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM