Comment démontrer la valeur de la TMC ?

Tel serait aujourd’hui le principal défi des acheteurs anglais, un débat qui pourrait aussi avoir lieu en France. 

Il n’a pas de portée statistique mais il est instructif. Comme le relate Business Travel Mag, le dernier sondage effectué par l’ITM (équivalent britannique de l’AFTM) auprès de ses adhérents établit que le principal défi actuel des acheteurs et des travel managers est de démontrer la valeur de l’utilisation de la TMC aux voyageurs et aux parties prenantes de l’entreprise. 

Ainsi, 57% d’entre eux ont déclarés être confrontés à une augmentation du brouhaha (traduction libre de « noise ») des voyageurs qui veulent réserver directement auprès des compagnies aériennes et qui remettent en question la nécessité d’utiliser une TMC.

Tainted love

C’est le point de départ d’un article absolument passionnant écrit par l’une des plus grandes plumes du voyage d’affaires, Amon Cohen, dans Business Travel News Europe. Publié le 19 février dernier, il est intitulé « Tainted love » (« amour vicié »), du nom d’un tube de Soft Cell qui rappellera de très bons souvenirs aux plus de cinquante ans mais aussi aux plus jeunes. 

Amour vicié : c’est ainsi qu’il caractérise les relations entre certains travel managers et leurs TMC qui se détériorent en raison des tensions qui opposent ces mêmes travel managers à leurs voyageurs. La raison? « Les programmes de voyages sont en ce moment mis à l’épreuve, la faute étant souvent imputée à la TMC qui n’est pas en mesure d’accéder aux bons tarifs. » 

Le refrain du voyageur, vieux comme le travel management, « Je peux trouver moins cher ailleurs », revient en effet en force à mesure que les compagnies aériennes accélèrent le développement de NDC et retirent nombre de tarifs des canaux EDIFACT des GDS. 

Hier, les voyageurs trouvaient eux-mêmes des tarifs moins chers que les TMC en comparant des torchons et des serviettes (notamment sur les conditions d’annulation). Ce qui avait le don d’agacer les travel managers. Aujourd’hui en revanche, « les voyageurs auront plus souvent raison de dire qu’ils ont trouvé un tarif moins cher en ligne », avoue un acheteur interrogé par Amon Cohen. 

L’incompréhension des voyageurs

« Oui mais non », répond Clive Wratten, le directeur général de la Business Travel Association, qui représente un grand nombre des TMC britanniques. Pour se justifier, il demande au lecteur de s’imaginer s’évanouir dans un supermarché. « Si c’est un supermarché discount, on vous passera dessus ou on vous poussera. S’il est moyen de gamme, on vous donnera une chaise. S’il est haut de gamme, on vous donnera une chaise, on appellera une ambulance et on vous rappellera plus tard pour s’assurer que vous allez bien. »

En clair, ceux qui réservent par le biais d’une TMC bénéficient d’un bien meilleur service « mais cette différence, explique Clive Wratten, reste difficile à faire comprendre au voyageur ». Et pour cause : les travel managers s’adressent à des parties prenantes internes qui n’entendent pas grand-chose aux subtilités parfois complexes de l’industrie du voyage.

Des parades limitées

Alors que faire ? Lors d’une réunion interne, les acheteurs de l’ITM ont partagé quelques tactiques pour gérer la frustration des voyageurs, comme permettre à ces derniers de réserver un tarif moins cher en dehors du programme, à condition que ce soit signalé via les processus de dépenses dans le courant du mois du déplacement. 

Un autre a raconté que sa TMC réservait des tarifs sur les sites web des compagnies aériennes et les introduisait ensuite dans les segments passifs du GDS mais « cela crée plus de travail et donc de frais de transaction. »

Un autre encore a rapporté qu’il avait élaboré un résumé de deux pages expliquant pourquoi les bouleversements dans la distribution aérienne rendaient plus difficile l’accès aux bas tarifs. Tout en soulignant dans son document que les voyageurs doivent continuer à réserver par l’intermédiaire de la TMC.

Plus de dialogue

Aucune de ces parades ne semblait totalement satisfaisante. La solution la plus évidente ? « Si les TMC veulent rester pertinentes, elles doivent moderniser leur distribution », déclare à Amon Cohen un travel manager allemand. A défaut, la fragmentation du contenu pourrait creuser un fossé entre les acheteurs et les TMC.

Le même souhaite toutefois rendre justice aux TMC : « Le fait est que nous ne sommes toujours pas prêts à payer le juste prix pour le service. (…) Les TMC dépendent des incentives GDS pour couvrir leurs frais de transaction. Or nous leur demandons de trouver les meilleurs tarifs en dehors du GDS mais nous ne sommes pas disposés à leur accorder une compensation équitable. »

Au cours de leur réunion, comme le raconte Business Travel Mag, les travel managers de l’ITM ont aussi estimés que « le déploiement des nouvelles stratégies de distribution par certaines compagnies aériennes ne s’est pas bien aligné sur leurs besoins, leurs flux de travail et leurs demandes de service. » Leur souhait : « avoir un dialogue ouvert et honnête avec toutes les parties impliquées. » A bon entendeur !

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM 

Amex GBT/CWT : un deal en questions

Le projet de fusion des deux leaders historiques du marché suscite bien des interrogations et réserve encore de nombreuses surprises. 

A qui profite le deal ?

C’est une opération qui bénéficiera d’abord aux actionnaires… des deux sociétés. Rappelons les chiffres : le numéro 1 du secteur rachète le numéro 3 (derrière BCD) pour 570 millions de US$ dont 300 millions de dettes si l’on se base sur les chiffres donnés par CWT lors de la dernière restructuration financière de novembre 2023. 

Amex GBT financera l’opération à hauteur de 430 millions de US$ en émettant de nouvelles actions. Les 140 millions restants seront réglés avec les liquidités dont elle dispose. Une aubaine pour le leader de la distribution des voyages d’affaires : à petit prix, il met la main sur son concurrent historique et son portefeuille de 4000 clients en ne sortant que très peu de cash et en évitant d’emprunter au moment où les taux d’intérêt sont élevés.

Pour les actionnaires de CWT, c’est aussi une bonne affaire. Ces derniers, des fonds d’investissement principalement, se retrouveront à l’issue de la fusion avec 13% du capital d’une société dotée de fondamentaux financiers bien plus solides.

Cerise sur le gâteau : la fusion devrait générer d’ici trois ans 155 millions de US$ de synergies, une bonne perspective pour le cours de l’action. 

Amex GBT sauve-t-elle CWT ?

Dans son article du 21 février dernier, l’excellent site The Company Dime révélait que l’agence de notation S&P Global pointait en décembre que CWT disposait « de liquidités moins qu’insuffisantes », même après l’échange de dettes annoncé en novembre. Elle écrivait alors : « La liquidité reste faible et l’effet de levier est élevé, (…), par conséquent nous considérons que la structure du capital de l’entreprise n’est pas viable. »

En clair, faute de revenus suffisants, une entreprise à fort effet de levier risque non seulement d’accuser des retards de paiement à l’égard de sa dette mais aussi de se trouver dans l’incapacité d’emprunter des fonds supplémentaires pour la payer et assurer sa survie. 

Or, si CWT va mieux (les équipes, françaises notamment, ont réussi le tour de force dans un contexte difficile à retenir de nombreux comptes et à en gagner d’autres), elle va toutefois moins bien que ne l’escomptait le business plan déposé lors de la mise sous Chapter 11 en novembre 2021. 

Celui-ci prévoyait alors pour 2024 un volume d’affaires de 16 milliards de US$ pour un EBITDA (bénéfice d’exploitation) de 253 millions. On en est encore loin si l’on en croit les chiffres donnés par le communiqué de presse annonçant le deal qui évoque pour CWT en 2024 un volume d’affaires de 14 milliards de US$ et un EBITDA de 70 à 80 millions. 

Il y avait donc bien une urgence financière pour CWT, qui explique aussi le faible prix déboursé par Amex GBT (qui avait acheté Egencia, bien moins gros, pour 750 millions de US$ en novembre 2021). Morgann Lesné, associé chez Cambon Partners, spécialiste des fusions-acquisitions, confirmait il y a quelques jours dans un article de BTN que ce prix « mettait en lumière les menaces réelles qui pesaient au-dessus de CWT si la société restait seule ». 

Un rachat offensif ou défensif ?

La question est centrale concernant les grandes TMC. Pour l’ancien patron d’American Airlines devenu consultant, Cory Garner, la réponse ne fait aucun doute. Dans un post Linkedin décapant, il écrit qu’Amex GBT « acquiert une plus grande part d’un gâteau qui se rétrécit. »

Les chiffres semblent lui donner raison. En 2019, Amex GBT seule réalisait un volume d’affaires de 35 milliards de US$, et Egencia de son côté 8,3 milliards. Selon les résultats publiés par la première le 5 mars dernier, les deux réunies ont affiché un VA en 2023 de 28 milliards, soit une baisse de plus de 35%, malgré une inflation record qui a gonflé les volumes de toutes les TMC. 

De son côté, CWT réalisait un VA de 23,1 milliards en 2019 contre une prévision de 14 milliards en 2024, soit une baisse de près de 40%. 

Attention, ces chiffres ne disent rien de la rentabilité de l’activité. Amex GBT, par exemple, a dégagé en 2023 une marge opérationnelle de 17%, soit un bon voire un très bon résultat dans un business de TMC à faible rentabilité.

Indéniablement, depuis le Covid et le boom des visioconférences le gâteau rétrécit… sur le marché des grands comptes, cible naturelle de ces TMC globales, d’où leur offensive à l’égard des PME ces trois dernières années afin de compenser le manque à gagner. 

Scott Gillespie, consultant bien connu de l’œil de l’AFTM, pointe un autre risque dans Business Travel Mag, le changement climatique qui « pourrait accélérer les objectifs de réduction des émissions des entreprises ». Et d’expliquer : « Les volumes de transactions aériennes diminueraient alors considérablement en Europe et en Amérique du Nord. L’ampleur de ce risque apparaîtra plus clairement à mesure que nous nous rapprocherons de 2030. »

Amex GBT achète-t-elle du volume ?

Plus que tout autre marché, les voyages d’affaires constituent un jeu de volume. La taille est le seul moyen de réaliser des économies d’échelle et de dégager une rentabilité dans un secteur à faibles marges. 

Mais on vient de le voir, les volumes ont fortement baissé et le réchauffement climatique fait peser sur l’activité une menace potentielle. 

Compte tenu du modèle économique actuel des TMC (grosso modo 50% de revenus clients via des transaction fees et 50% de revenus fournisseurs par le biais des commissions et des incentives), l’effet ciseaux pourrait être redoutable. D’autant que, comme le répète Cory Garner, les stratégies de distribution des compagnies aériennes et notamment NDC fragilisent une partie des revenus fournisseurs des TMC. 

Oui, Amex GBT achète du volume. Oui, Amex GBT sera, de fait, renforcé dans ses négociations fournisseurs. Mais le paradigme du marché est en train de changer. Ce qui était vrai hier l’est beaucoup moins aujourd’hui. Même en termes de volume, le rachat de CWT apparaît donc plus défensif qu’offensif. 

Quelles implications pour les OBT ?

C’est l’un des points les plus intéressants de cette opération. Amex GBT s’appuie sur des systèmes de réservation en ligne (OBT) propriétaires comme KDS (devenu Neo) et Egencia, qu’elle favorise de plus en plus mais sans exclusive (elle est ainsi le principal revendeur de Concur aux Etats-Unis). Alors que CWT se dit agnostique, revendant l’ensemble des OBT du marché. 

Dans ce contexte, les clients de CWT devront-ils basculer sur KDS et Egencia ? Depuis quelques années, Amex GBT ne se cache plus et souhaite amener ses clients à utiliser ses propres technologies, et réserve par ailleurs les derniers développements de KDS (notamment pour NDC) à ses clients en priorité. 

Comme le notait The Company Dime, Paul Abbott, le Pdg d’Amex GBT, se félicitait lors d’une conférence téléphonique en septembre dernier que le volume des transactions sur ses plateformes propriétaires KDS et Egencia avait augmenté de 13% au troisième trimestre 2023 contre 7% pour l’ensemble des transactions. 

Il faudra aussi observer avec attention la réaction de SAP-Concur dont l’OBT est aux Etats-Unis le leader incontesté, et de loin. Dans le même article de The Company Dime, le journaliste Jay Campbell révélait un scoop : SAP a envisagé d’acheter CWT en début d’année mais a finalement décidé de s’abstenir.

Est-ce reculer pour mieux sauter ? Toujours selon Cory Garner, SAP pourrait considérer l’opération GBT/CWT, et plus largement le développement des OBT propriétaires, comme une menace stratégique à long terme pour sa position sur le marché. Et se pencher à nouveau sur l’éventualité d’un rachat d’une TMC, qui sait ?

Ça change quoi pour les clients ?

A très court terme, rien. Le temps que l’opération financière se fasse et que les autorités de régulation donnent leur aval aux Etats-Unis et en Europe. Mais après, c’est une autre histoire.

La plus grande incertitude concerne les difficultés d’intégration qui promettent de vrais casse-têtes pour fusionner les opérations, les systèmes d’information et les cultures très différentes des deux sociétés. Des complications inévitables qui pourraient provoquer des perturbations pour les clients de GBT et de CWT.

Quant aux clients de CWT qui l’ont choisi précisément pour éviter Amex GBT, comment vont-ils réagir ? Une chose est sûre : les équipes françaises des deux sociétés, qui sortent pour l’une d’une fusion encore à digérer avec Egencia, et pour l’autre d’un Chapter 11 et d’une restructuration douloureuse, vont avoir encore du pain sur la planche… Courage à elles ! 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Convention à Toulouse : retour en images !

Nous avons été ravis de vous accueillir à Toulouse pour cette première convention nationale réalisée en région. Les échanges des participants ont permis encore une fois de prendre conscience de la réalité du terrain.

Nous vous remercions chaleureusement pour votre participation active et enrichissante.

 tous ceux qui n’ont pu se joindre à nous, vous êtes les bienvenus au sein de la délégation régionale Occitanie ! Nous sommes une communauté vivante et ouverte. Celle-ci se réunit régulièrement pour débattre des enjeux liés aux mobilités d’affaires et permettre à chacun de se nourrir de clefs pratiques et opérationnelles.

Vous êtes tous invités à maintenir cet élan en participant aux prochaines rencontres de la région, n’hésitez pas à nous solliciter en nous écrivant à l’adresse suivante : occitanie@aftm.fr

À BIENTÔT À TOULOUSE !

Michel Dieleman, Président de l’AFTM

Jacques Chambre, Délégué Régional Occitanie

Apartool étend ses activités au Moyen-Orient

Apartool étend ses activités d'hébergement d'entreprise au Moyen-Orient avec de nouveaux bureaux à Dubaï

Dubaï est devenue l’une des destinations les plus attrayantes au monde pour les voyages d’affaires. Les données le prouvent. Dubaï a accueilli un total de 14,36 millions de visiteurs internationaux en 2022, soit une croissance de 97 % en glissement annuel par rapport aux 7,28 millions d’arrivées de touristes enregistrées en 2021, selon les dernières données publiées par le Département de l’économie et du tourisme de Dubaï (DET).

Apartool, une plateforme d’appartements avec services, s’est imposée comme une plateforme leader en Europe pour la gestion de logements temporaires pour entreprises, déjà présente dans plus de 85 pays. Avec sa récente expansion au Moyen-Orient, et notamment l’ouverture de son nouveau bureau à Dubaï, la société s’efforce de devenir la première plateforme de gestion d’appartements d’entreprise au Moyen-Orient.

 En outre, elle annonce avoir établi un partenariat solide avec un fournisseur de Riyadh qui dispose de 240 appartements. Ce partenariat stratégique leur permet de répondre à la forte demande de leurs clients aux Émirats arabes unis.

Aujourd’hui, nous partageons avec vous un entretien exclusif avec Lara Mengatti, Country Manager UAE chez Apartool, à propos de son expérience dans l’expansion, avec les opportunités présentées par le marché de l’hébergement temporaire des entreprises aux EAU, et les défis auxquels l’entreprise est confrontée dans sa croissance et sa consolidation au Moyen-Orient.

CWT déploie la réservation de train ainsi que la location de voiture sur sa plateforme myCWT et fait le point sur la NDC

Nouvelles fonctionnalités clés : Réservation de train et de location de voiture sur la plateforme myCWT

Comme annoncé au mois de février, CWT commence à déployer les fonctionnalités concernant la réservation de location de voiture et de train via ses canaux mobiles et Web sur sa plateforme myCWT.

Ces nouvelles fonctionnalités seront étendues aux marchés du monde entier, offrant aux voyageurs plus d’options pour effectuer et gérer leurs réservations de manière identique depuis tous les canaux.

Ces améliorations sont l’un des résultats de l’investissement stratégique dans sa plateforme de gestion de voyages myCWT.

Les voyageurs pourront réserver leur voiture de location via l’application mobile myCWT (sur iOS et Android) et le portail web. Les utilisateurs de MyCWT auront accès aux tarifs négociés et aux fournisseurs privilégiés de leur entreprise. Ils pourront facilement rechercher des lieux de prise en charge et de dépose. Les programmes de fidélité des loueurs de voiture seront également intégrés.

En ce qui concerne le contenu ferroviaire, le partenariat de CWT avec la plate-forme européenne Trainline Partner Solutions, va permettre d’intégrer les fonctions de réservation à MyCWT via une API. Cette avancée rendra possible la réservation, l’accès aux tarifs et aux réductions négociés par les entreprises, ainsi que des fonctionnalités de préférence de siège. Ce contenu ferroviaire, disponible au Royaume-Uni depuis le mois de juillet sera étendu aux autres marchés européens dans les mois à venir ; il sera suivi de la mise à disposition des fonctionnalités liées à l’après-vente.

CWT a également introduit des éléments de durabilité dans ces offres. Pour les réservations de voitures, MyCWT disposera d’indicateurs qui mettront en évidence les options de location de véhicules électriques et hybrides, et CWT ajoutera des estimations d’émissions de carbone pour les réservations de voitures et de trains.

Avancées CWT sur la NDC

La NDC (New Distribution Capabilities), nouvelle norme d’échange de données entre les compagnies aériennes et les partenaires de distribution est basée sur une technologie moderne (XML). Elle donne aux compagnies aériennes la possibilité de fournir un contenu plus riche, plus personnalisé et plus dynamique.

CWT a franchi une nouvelle étape pour faire de l’adoption de la NDC une réalité avec un programme qui permet, via ses partenaires technologiques, d’effectuer des réservations NDC pour des clients pilotes. CWT commence par la réservation du contenu NDC disponible au sein de la plateforme Amadeus sur Air France et Singapore Airlines

Quels sont les avantages ?

Au-delà des tarifs négociés par les entreprises, il est maintenant possible de réserver un contenu uniquement lié au programme NDC des compagnies. Pour Singapore Airlines, une gamme de tarifs plus large est maintenant disponible, tandis que des options supplémentaires comme le choix des sièges et des bagages supplémentaires seront ajoutées au programme. Pour Air France-KLM, les clients CWT peuvent accéder aux offres tarifaires continues de ces compagnies. Des offres de « siège préféré » et des options « carburant d’aviation durable » seront introduites dans un avenir proche.
CWT propose à ses clients de continuer à travailler en étroite collaboration avec les compagnies aériennes pour évaluer leur offre actuelle sur la NDC et la comptabilité de ce nouveau contenu avec leur politique voyage.

Conseils sur la NDC aux gestionnaires de voyages :

  • Restez informés car chaque compagnie aérienne évolue à son propre rythme.

  • Accordez une attention particulière aux plans NDC de vos principaux partenaires aériens en incluant les attentes de vos voyageurs et vos destinations fréquentes

  • Recherchez les compagnies aériennes qui sont précurseurs sur le sujet, surtout lorsqu’elles fournissent un contenu à valeur ajoutée pour vos voyageurs

Restez informés des évolutions et des avancées de CWT concernant la NDC sur notre site internet

TripActions : méga jackpot en perspective

La prochaine introduction en bourse de la TMC va rapporter gros, voire très gros, à ses investisseurs historiques. Une étape capitale dans la vie de la jeune TMC créée en 2015.

TripActions saute le pas. Déjà dans les tuyaux à plusieurs reprises par le passé, l’introduction en bourse de la TMC devrait intervenir au cours du deuxième trimestre 2023. Le site américain Business Insider a en effet révélé le 29 septembre, confirmant ainsi une indiscrétion de Bloomberg début août, que TripActions avait déposé une demande confidentielle d’introduction en bourse auprès de la SEC, l’autorité américaine des marchés financiers.

Pourquoi confidentielle ? Cette procédure, autorisée par le gendarme américain de la bourse et utilisée en leur temps par Twitter ou Airbnb, permet à une entreprise de ne dévoiler ses informations financières et sa stratégie que 15 jours avant le début de son « roadshow » (la tournée de présentation aux investisseurs qui précède l’entrée en bourse) ou 15 jours avant la date présumée à laquelle la SEC doit donner son autorisation à entrer en Bourse. 

En clair, l’entreprise peut garder des informations sensibles et secrètes pendant une période plus longue, contraignant ses concurrents à patienter avant d’obtenir des détails précieux sur son activité. Mais surtout elle n’est pas obligée de fixer une date d’introduction gravée dans le marbre, elle peut la reporter et même l’annuler. Dans le cas d’une introduction en bourse « classique », une fois la date fixée, il est difficile d’y mettre un terme.

Une flexibilité qui a aujourd’hui son importance car les marchés financiers sont à la peine. Les indices boursiers américains ont plongé avec les sombres prévisions économiques : le Dow Jones est en recul de 20% depuis le 1er janvier alors que le Nasdaq a chuté de 32% sur la même période. Et les introductions se font très rares après avoir battu des records en 2021. Dans ces conditions, TripActions ira-t-elle jusqu’au bout ?

L’entreprise américano-israélienne (ses deux fondateurs, Ariel Cohen et Ilan Twig sont israéliens, mais vivent dans la Silicon Valley) basée à Palo Alto en Californie a de solides arguments à faire valoir. En lançant début 2020 sa propre solution de paiement baptisée « Liquid », la TMC a initié un modèle unique sur le marché basé sur l’intégration totale du voyage, des dépenses et du paiement.

En accélérant la mise en œuvre de « Liquid » après le début de la pandémie, la TMC a montré sa capacité de réaction face à la crise en s’adaptant très vite aux besoins de numérisation des entreprises et des voyageurs (même si dans le même temps, le licenciement sans ménagement de 300 collaborateurs via Zoom a suscité la polémique et l’indignation aux Etats-Unis). 

Ce faisant, TripActions n’était plus seulement une spécialiste du voyage d’affaires, elle devenait aussi une fintech, une startup qui utilise la technologie pour repenser un service financier. Et ça, les investisseurs adorent. Ils aiment cette aptitude à favoriser de grandes avancées en matière d’usage : « En quelques clics, je réserve, je paie, je gère mes dépenses sans la contrainte du remboursement ». 

Et les clients dans tout ça ? Apprécient-ils autant la proposition de valeur que les investisseurs ? TripActions reste discrète sur ses chiffres et ces derniers sont évidemment invérifiables. En février, après le rachat de la TMC allemande Comtravo, l’entreprise annonçait un volume d’affaires de 6 milliards de US$ pour 7500 clients. 

Depuis, TripActions a mis la main sur la suédoise Resia et le marché du voyage d’affaires s’est redressé. Le cap des 7 milliards de US$ aurait donc été franchi, et même allègrement. Dans une année normale pré-Covid, en 2019, cela aurait déjà placé la TMC au 5e rang mondial, à égalité avec FCM, derrière Amex GBT-Egencia (39 Mds), BCD (28 Mds), CWT (23 Mds) et Corporate Travel Management (8 Mds). Dans une année post-Covid comme 2022, nul doute que l’écart avec les concurrents s’est resserré.

Pour autant que ces chiffres soient confirmés, TripActions semble donc en train de changer de dimension. Une information, passée inaperçue dans la torpeur d’un mois d’août étouffant, en témoigne. La TMC a remporté le budget voyages mondial d’Unilever, l’entreprise anglo-néerlandaise aux 148 000 salariés répartis dans 77 pays. Il y a fort à parier qu’elle soit devenue du même coup le plus grand compte géré par la TMC. Et, comme un double symbole, elle l’a chipé à Amex GBT qui l’avait récupéré dans sa corbeille en 2018 en rachetant HRG qui gérait les déplacements d’Unilever depuis de nombreuses années. Bref, une sacrée prise de guerre. 

Toutefois, dans ce flux de bonnes nouvelles, certaines interrogations demeurent. TripActions est en croissance mais combien coûte cette croissance ? Aucun chiffre n’a été communiqué mais la rentabilité n’est pas pour l’instant la préoccupation d’Ariel Cohen, le co-fondateur et véritable patron de la TMC. Il l’a souvent répété, il veut devenir « l’Amazon du voyage d’affaires », quitte à en imiter fidèlement la trajectoire ? Rappelons que la plateforme de Jeff Bezos avait perdu beaucoup d’argent lors de ses huit premières années avec des ratios parfois vertigineux (un chiffre d’affaires à peine deux fois plus élevé que ses pertes en 2002 !). Mais, compte tenu de la conjoncture, on peut imaginer que TripActions ne prendrait pas le risque d’une introduction si elle perdait beaucoup d’argent, les marchés la sanctionneraient aussitôt. 

TripActions doit par ailleurs encore convaincre un marché réputé conservateur en plus d’être complexe. Changer de TMC, avec tout ce que cela implique, n’est pas toujours chose aisée. D’autant que les TMC historiques ne sont pas restées inactives et investissent, elles aussi, dans la technologie. Et puis les voyageurs continuent de plébisciter le contact physique ou téléphonique en dépit des solutions digitales à leur disposition. Enfin, et c’est une litote, l’Europe (et plus encore le marché français) n’est pas les Etats-Unis. Tenir compte des cultures et des particularismes locaux n’est pas la moindre des difficultés.

En attendant, cette prochaine introduction en bourse va faire des heureux. Son timing indique en effet que les actionnaires actuels en sont clairement à l’initiative. Il est légitime au bout de sept ans (pour les plus anciens d’entre eux) que ces derniers souhaitent être « liquides », c’est-à-dire récupérer leur argent avec une belle plus-value à la clé. 

TripActions vise une valorisation lors de son introduction à 12 milliards de US$ après avoir levé 1,3 milliard de US$ depuis sa création. Par comparaison, en décembre 2021, Amex GBT avait annoncé une valorisation à 5,3 milliards de US$ pour son entrée en bourse. Pourquoi une telle différence alors qu’Amex GBT est assurément plus gros que TripActions et affichait une rentabilité enviable avant le Covid ? Sa croissance rapide ne suffit pas à l’expliquer et c’est là où Ariel Cohen et Ilan Twig sont des malins. En devenant à la fois TMC et fintech, les deux compères vendent au marché financier le volume du voyage avec le multiple de la tech. Là où, ce n’est qu’un exemple, une entreprise du voyage pourrait être valorisée 5 fois son Ebitda (bénéfice d’exploitation), une société de la tech le serait 10 ou 15 fois son Ebitda.

La perspective d’un méga-giga jackpot se rapproche donc pour les investisseurs de la première heure, Oren Zeev, Lightspeed Venture Partners et Dovey Frances Group11 (et sans doute les deux co-fondateurs) qui ont mis des billes en 2015 pour, alors, une valorisation de 10 millions de US$. Sept ans plus tard, avec une valorisation à 12 milliards de US$, ils pourraient ainsi récupérer 1200 fois leur mise ! Des niveaux très rarement vus. Pour les autres capitaux risqueurs, plus récents, cela resterait aussi une excellente (doux euphémisme) opération. A condition bien sûr que l’entreprise ne soit pas surévaluée et ne rate pas, à l’instar d’un Facebook en 2012, son entrée en bourse. 

D’ailleurs, cette dernière se fera-t-elle par une simple cession de titres ou par une augmentation de capital permettant de lever à nouveau de l’argent frais ? Tant que le dossier reste confidentiel, nous n’en saurons rien. Une chose est sûre : c’est une nouvelle vie qui débutera pour la TMC, avec de nouveaux actionnaires, et des résultats financiers qui seront scrutés à la loupe, sous la forte pression des marchés. 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Google : un avertissement pour le marché

Le géant de Mountain View a décidé de sabrer dans son budget voyages. Une décision qui en dit long sur la reprise à deux vitesses du voyage d’affaires et sur l’avenir du secteur. 

Inutile de dire que la missive a été diversement appréciée par les cadres de Google. Le site The Information a révélé que ces derniers avaient reçu un courriel début septembre leur demandant de limiter strictement leurs déplacements « aux voyages essentiels ». Le courriel précise que désormais la barre serait placée très haut pour définir comme essentiel un déplacement ! 

En clair, lorsqu’une option virtuelle sera disponible, les voyages et les réunions d’équipes physiques ne seront plus approuvés par la hiérarchie. Rien que ça ! Contactée par The Information, Google ne s’est pas étendu, expliquant avoir adopté « une approche plus responsable de la gestion des dépenses voyages ». 

Quelques semaines plus tôt, en août, le Wall Street Journal annonçait que Microsoft avait expressément demandé à ses salariés de réduire leurs déplacements professionnels et les événements organisés par l’entreprise afin de maîtriser les coûts. 

Il faut bien sûr replacer ces décisions dans un contexte particulier à l’industrie technologique qui « subit ces derniers mois une douloureuse vague de froid » comme le racontait récemment le magazine L’Express. « Les capitalisations boursières des stars du secteur ont dégringolé de façon vertigineuse depuis le début de l’année : -51% pour Meta (ex-Facebook), -49% pour Paypal, -60% pour Netflix… » Inflation, perturbation des chaînes d’approvisionnement, hausse des taux directeurs, investissements aventureux, entreprises survalorisées…, le monde de la tech craint l’éclatement d’une nouvelle bulle internet et met ses représentants les plus emblématiques au régime sec.

Cité par le site Skift, Steve Reynolds, le Pdg de Tripbam, une plateforme d’audit des voyages d’affaires, soutient depuis longtemps que les entreprises de la tech ont été beaucoup plus prudentes que les autres lors de la reprise du voyage d’affaires. « En juin dernier par exemple, les volumes ne représentaient que 50% des niveaux prépandémiques alors que la plupart des autres secteurs avaient atteint 80% », détaille-t-il. 

En réalité, toutes les grandes entreprises sont sur la réserve. Le magazine Forbes a ainsi repris les propos du directeur commercial de Southwest Airlines qui disait fin juillet : « La reprise concerne surtout les PME et l’administration. Nos plus grandes entreprises sont à la traîne, en particulier les banques, les sociétés de conseil et les entreprises technologiques. Avant le Covid, elles faisaient partie de nos meilleurs voyageurs, elles sont aujourd’hui au bas de l’échelle ». 

En France, la SNCF faisait il y a quelques jours une nouvelle fois le même constat dans Les Echos : il lui manque encore 10 à 15% de sa base de clientèle affaires d’avant-Covid. Ce sont les voyageurs des grandes entreprises qui font défaut, ceux des PME sont revenus à leur niveau de 2019. 

Les grandes entreprises reprendront-elles un jour le chemin des voyages ? Google et Microsoft viennent de répondre à la question. Aux dernières Universités d’AirPlus, le Crédit Agricole a dit très clairement que le nombre de ses déplacements professionnels allait baisser en raison des objectifs de réduction des émissions de CO2. Ces décisions sont loin d’être isolées et on pourrait en citer bien d’autres. Les professionnels du voyage d’affaires devraient y réfléchir et ne pas se laisser aveugler par les volumes actuels de vente, gonflés par l’inflation. 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Des classes affaires de moins en moins business

Les produits premium des compagnies aériennes sont plébiscités par les voyageurs loisirs au détriment des voyageurs d’affaires qui ont bien du mal à trouver de la disponibilité. 

Le constat est sans appel : les classes affaires sont désormais majoritairement occupées par des passagers aisés voyageant pour leurs loisirs ou pour motifs personnels. C’est Bruno Trévidic, journaliste aux Echos, qui raconte cette tendance dont les origines remontent à la fin des années 2000.

« La migration forcée des voyageurs d’affaires vers l’arrière de l’appareil avait commencé dès la crise financière de 2008, écrit-il, quand les entreprises avaient entreprise de tailler dans leurs dépenses ». Le Covid a amplifié cette tendance et Air France indique que désormais plus de 50% des passagers en classes affaires voyagent pour leurs loisirs. « La proportion serait encore plus forte en classe premium éco, intermédiaire entre la business et l’éco et qui avait été inventée par Air France en 2008 pour tenter de freiner la migration de la clientèle professionnelle vers l’arrière ». 

Le quotidien économique rappelle l’enjeu de cette clientèle premium : « En moyenne, un passager affaires représente l’équivalent en recettes de trois à cinq passagers éco » (…) alors « qu’un passager de premium éco vaut 1,5 passager éco ». Au final, « chez Air France, ces passagers premium ne représentent que 10% du trafic mais un tiers de son chiffre d’affaires ». 

Aux Etats-Unis, le constat est identique et les acheteurs s’en inquiètent. Ces derniers confirment auprès de Business Travel News la difficulté de trouver des sièges premium et, lorsque qu’ils sont disponibles, «les tarifs sont choquants ». Un acheteur parle même « d’un énorme point de frustration », notant que le service était « négativement affecté », même pour les membres du conseil d’administration et du comité exécutif. 

Si la concurrence avec la clientèle loisirs est la raison de ce manque de disponibilité sur les sièges premium, elle est amplifiée par des délais de réservation des voyageurs d’affaires qui se sont beaucoup raccourci depuis la pandémie. « Il est important de réserver le plus tôt possible » conseille Kyle Mabry, vice-président des ventes mondiales d’American Airlines. 

Une autre raison, plus mystérieuse, serait liée à un problème de contenu délivré par le GDS. United Airlines s’est ainsi rendu compte que des sièges premium n’étaient pas disponibles pour ses clients entreprises car le GDS ne les affichaient pas alors qu’ils étaient effectivement ouverts à la vente ! Sans révéler le nom du GDS incriminé, la compagnie aérienne dit « travailler avec lui pour que l’ensemble du contenu qui lui est fourni soit disponible dans les OBT ». Une étrange affaire que les travel managers doivent garder à l’esprit au cas où la situation se présenterait.

Reste à savoir si cette tendance va se pérenniser. Les experts interrogés par BTN ne sont pas tous d’accord. L’un affirme que « la part des voyageurs loisirs réservant des sièges premium pourrait se tasser surtout si les prix continuent d’augmenter ou si le ralentissement économique se concrétise ». Un autre dit l’inverse : « Une fois qu’ils seront habitués à un produit haut de gamme, ils ne voudront plus revenir en arrière ». Les paris sont ouverts. 

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Meetings et voyages : un combo anti-inflation 

Les arguments en faveur du regroupement dans l’entreprise sous la même bannière des réunions et des voyages d’affaires se sont renforcés avec le Covid. Et encore plus avec la flambée des prix. 

L’idée n’est pas neuve. Depuis longtemps, on connait bien les avantages de l’intégration des voyages d’affaires et des réunions, rappelle le site The Company Dime : elle se caractérise par un effet de levier potentiel auprès des fournisseurs en combinant le volume, la gestion centralisée des contrats, et des gains d’efficacité grâce à des outils communs de sourcing, de réservation et de reporting. 

Selon l’excellent journaliste David Jonas, la formule a retrouvé auprès des entreprises une seconde jeunesse avec le Covid. Leurs motivations ? Atténuer les risques financiers et humains, tenir compte des réalités du travail au quotidien, et s’adapter aux limites floues entre le travail à distance, le déplacement professionnel et les réunions d’équipes. 

Kewin Iwamoto, directeur de clientèle de Bizly (une plateforme de gestion des réunions), confirme : «Avec la pandémie, de nombreuses entreprises ont réduit leur personnel ou ont vu beaucoup de salariés démissionner. Elles ne rétabliront pas forcément les effectifs, et donc avec moins de ressources, elles n’ont plus le luxe de traiter le voyage d’affaires et les réunions de manière indépendante ».

Cindy Fisher, consultante, explique aussi : « La pandémie a été un signal pour de nombreuses entreprises qui ne disposaient pas d’un programme de réunions formalisé. Les contrats étaient dispersés dans les services et l’exposition financière devenait trop importante. Cela a attiré l’attention des directions des achats qui ont décidé d’atténuer le risque en y mettant de l’ordre ». 

Mieux intégrer les processus de devoir de diligence (duty of care), gagner en efficacité dans la collecte de données, dans les relations avec les fournisseurs, dans la réservation, le paiement, la gestion des dépenses… : autant d’arguments qui plaident en faveur de la convergence. Sans compter le développement durable, domaine dans lequel les voyages et les réunions peuvent se recouper dans des stratégies communes d’atténuation et de réduction des émissions de CO2. 

Les magasins Gap viennent ainsi de réaliser la fusion de la gestion des voyages internationaux avec les événements internationaux. Julie Lindsey, sa responsable, raconte : « L’outil de réservation en ligne gère désormais à la fois les voyages et les événements, et cela a permis de réaliser des économies assez importantes grâce au volume des déplacements ».  

Concernant le budget hôtels, la démarche fut identique. Julie Lindsey rapporte qu’un établissement a refusé de faire une offre globale car il ne souhaitait pas intégrer les déplacements individuels afin de préserver son inventaire pour les nombreux événements qui avaient lieu chaque année dans la ville. Julie Lindsey a tenu bon et ce n’est qu’après avoir réalisé qu’il ne recevrait pas d’appel d’offres pour les groupes que l’hôtelier a cédé. 

La travel manager de Gap regrette en revanche que les fournisseurs soient encore organisés en silo, avec d’un côté les équipes voyage d’affaires et de l’autre les équipes groupes. Une séparation qui l’oblige à passer un peu de temps afin de s’assurer que toutes les bonnes personnes soient présentes lors des négociations. Mais dans l’ensemble, Julie Lindsey trouve l’expérience très concluante. Un exemple à méditer et à imiter ?

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM

Une rentrée à hauts risques

Inflation, nuages économiques, chaos aérien, Covid, crise climatique… : après la pause estivale, le retour des voyages d’affaires promet d’être musclé.  

Chaud devant ! Rarement une rentrée n’avait fait face à autant de « vents contraires » comme les appelle Amon Cohen, le chroniqueur vedette de Business Travel News Europe

D’abord, énumère le journaliste, le marasme du transport aérien, faute de personnel. C’est plus de 66 millions de voyageurs qui auront été touchés par les annulations et les retards d’avion entre janvier et juillet en Europe, soit un quart des passagers sur la période selon AirHelp ! 

Les voyageurs d’affaires n’en peuvent plus. Yvonne Moya, directrice mondiale des voyages chez Randstadt, basée aux Pays-Bas, confirme la lassitude des collaborateurs : « A Amsterdam, vous devez être à l’aéroport quatre heures avant le décollage. Nous avons des voyageurs, qui étaient arrivés trois heures avant le départ, qui n’ont pas pu prendre leur vol. Et vous pouvez être presque sûr que vos bagages n’arriveront pas à destination ! »

Hans-Ingo Biehl, directeur exécutif de VDR, l’homologue allemand de l’AFTM, partage cet avis : « Après une mauvaise expérience, certains voyageurs préfèrent désormais ne pas reprendre la route et utiliser la visioconférence. »

La vraie question est : combien de temps cela va-t-il durer ? Certaines compagnies aériennes disent que les perturbations pourraient d’étendre jusqu’au printemps prochain…

L’inflation est une autre menace. La hausse inédite des prix de l’aérien notamment (mais pas que) pourrait bientôt contraindre les entreprises, selon un travel manager danois, « à passer en mode économie avec processus d’approbation plus stricts. »

La crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine représente aussi un danger pour les voyages d’affaires. Les gouvernements européens commencent à être plus fermes sur les économies d’énergie à l’approche de l’hiver. Toujours selon ce même travel manager danois, « cela pourrait amener les entreprises à examiner encore plus attentivement leurs dépenses voyages, à la fois pour faire des économies sonnantes et trébuchantes mais aussi pour économiser du carburant. Même si les gouvernements ne disent pas « volez moins », cela pourrait être implicite. » 

Hans-Igo Biehl est plus catégorique : « En Allemagne, la question est sur la table pour chaque personne, chaque ménage, chaque entreprise. Si le gouvernement nous dit de réduire notre consommation d’énergie, les voyages en feront bien sûr partie. » 

Par ailleurs, l’été anormalement chaud que nous venons de traverser pourrait aussi servir de prise de conscience sur le réchauffement climatique. Yvonne Moya le pense : « Nous avons atteint un sommet, cela va nous amener à nous demander si nous avons vraiment besoin de partir. » Hans-Igo Biehl corrobore : « Plus que jamais, il faudra s’assurer que les entreprises ne voyagent que lorsque cela est justifié. »

Et puis enfin, le Covid n’a pas dit son dernier mot. Comme le dit Pat McDonagh, le patron d’une TMC britannique interrogé par BTN Europe : « Tant que nous n’aurons pas un hiver normal, nous ne pourrons pas dire que cette crise est derrière nous. » Or, en France par exemple, les autorités sanitaires anticipent une huitième vague début octobre.

Au début de l’été, le site The Company Dime avait déjà alerté sur les signes d’un ralentissement du marché du voyage d’affaires aux Etats-Unis.

Première indication : « Après avoir augmenté par à-coups pendant quelques mois, écrivait le journaliste Jay Campbell, le nombre de billets d’avion réservés par les agences de voyages d’affaires américaines s’était stabilisé depuis début avril à environ 70% du volume de 2019 ». 

Deuxième indice : « La moyenne sur 30 jours des réservations d’hôtels effectuées par les clients de Tripbam (un outil de réservation hôtelière) avait atteint en mai 80% de son niveau de 2019 mais était retombée en-dessous de 70% à la mi-juin ». 

Troisième signe : « Un acheteur sur cinq, interrogé en juin par la GBTA, avait déclaré que les inquiétudes liées à l’économie et au risque de récession avaient poussé leur entreprise à interrompre complètement certains voyages d’affaires ».

Les marchés financiers ne s’y étaient pas trompés : un panel d’actions du voyage d’affaires suivi par The Company Dime (dont Amex GBT, Cvent, Expensify…) avait accusé une baisse de 14,5% en juin, soit une chute beaucoup plus forte que le Dow Jones, l’indice boursier de New York, en recul de 6,5% sur la même période. Les raisons invoquées par les investisseurs : le manque de visibilité du secteur du voyage d’affaires et l’ombre de la récession qui plane sur les Etats-Unis. Autant de signes avant-coureurs d’un ralentissement à venir en Europe ?

François-Xavier Izenic, rédacteur associé de l’AFTM